Témoignage. Un an après le début du conflit, Yuliya attend en Aveyron la fin de la guerre en Ukraine

Publié le Écrit par Nathalie Fournis

Un an après le premier bombardement russe en Ukraine le 24 février 2022, des centaines de femmes et d'enfants ont trouvé refuge en Haute-Garonne et dans les départements voisins. Une de ces femmes témoigne de sa vie à Villecomtal dans l'Aveyron.

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À 3.200 kilomètres des bombardements qui ravagent son pays, nous avons rencontré Yuliya, Ukrainienne et réfugiée en Aveyron depuis cinq mois. Sa famille, son mari sont restés en Ukraine pour résister à l'occupant russe. Elle raconte l'exil, la peur et aussi l'espoir. Témoignage.

Lorsque la guerre éclate

Quand les bombardements se sont abattu sur la ville de Dnipro, dans le sud-est de l'Ukraine le 24 février 2022, il était trois heures du matin, tout le monde dormait. Après les avions, les sirènes ont précédé les tirs d'obus et chacun s'est demandé se qu'il se passait. Vers cinq heures le calme est revenu. Ce n'est qu'au journal télévisé du matin que la famille de Yuliya découvre sidérée la déclaration de guerre de Poutine. La jeune maman, raconte dans un Français encore imparfait cette nuit de février qu'elle n'oubliera jamais. 

À 3 heures du matin, notre vie a changé.

Yuliya - réfugiée ukrainienne

Après quelques mois cachés à l'abris des bombes, Yuliya est arrivée en France en octobre dernier avec son fils de 4 ans, laissant en Ukraine, son mari et sa famille. Son frère âgé de 38 ans combat au front.

A Villecomtal (Aveyron), où elle s'est réfugiée, la vie se déroule dans le calme. Le petit garçon va à l'école du village, "il y a des copains, il mange, il dort et il ne pleure pas", explique sa mère. Une sérénité toute relative que Yuliya perçoit depuis peu chez son fils, hanté jusqu'alors par les hurlements des sirènes et les bombardements.

La première place, c'est mon fils. J'ai vu l'état de mon fils en Ukraine, il ne dormait pas à cause des sirènes.

Yuliya

Blotti dans les bras de sa mère, le petit garçon raconte dans sa langue le plaisir d'aller à l'école. Elle traduit simultanément ses paroles. 

"Je travaille avec lui pour qu'il apprenne le Français", se félicite Yuliya. Mais l'inquiétude est toujours présente. Tous les jours, le garçon pose la même question : Pourquoi papa n'est pas avec nous ? 

À cette question, Yuliya a expliqué que son papa réparait l'électricité, parce qu'il n'y avait plus de lumière, ni de chauffage, ni de télévision en Ukraine. Elle ne lui a pas dit qu'il y avait la guerre, que c'était dangereux, sinon il demanderait pourquoi papa n'est avec nous alors si c'est dangereux. Il est trop petit, il ne comprend pas. Quand papa fait tout comme il faut, après on revient en Ukraine, Yuliya le rassure comme elle peut.

"J'ai peur !" , finit-elle par avouer, son garçon serré contre elle.

Rester ou rentrer ?

"Je voudrais revenir en Ukraine car c'est là qu'est toute ma famille, mon mari, mon frère, maman, ma belle-mère, tout le monde. Si la guerre n'est pas finie, c'est trop dangereux, j'ai besoin de rester ici, après on verra, je ne sais pas."

Ici, c'est bien pour mon fils, il est calme, pas de stress et il dort bien.

Yuliya

"Si la France me donne la chance de travailler ici, pour ma vie je peux rester ici. Mais pour mon mari, ce n'est pas bien. Mon fils doit habiter avec son papa, avec toute la famille."

Comme des centaines d'autres femmes et d'enfants, Yuliya veut croire au retour de la paix en Ukraine pour que sa famille soit à nouveau réunie.

(Avec Nathalie Rougeau et Luc Tazelmati)

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