Siam, une mère de famille toulousaine de 34 ans a été verbalisée le 16 août dernier sur une plage cannoise. Les trois policiers ont considéré que son hijab ne respectait pas l'arrêté anti-burkini pris par le maire fin juillet.
Mardi 16 août, alors que Siam profite du soleil azurée sur l’une des plages de la ville le long du boulevard du Midi, en compagnie de sa famille et de ses enfants, trois policiers viennent à sa rencontre.
Les fonctionnaires, deux hommes et une femme, s’adressent à elle et lui reprochent de ne pas arborer une tenue correcte, faisant référence à son hijab (simple voile islamique). Ils lui demandent de l'enlever et de le mettre en bandana, ou de quitter la plage, ce qu’elle refuse de faire.
Ils lui font alors la lecture de l’arrêté municipal pris par David Lisnard, maire LR de la ville, pris fin juillet qui interdit "l’accès aux plages et à la baignade à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité, respectant les règles d'hygiène et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime".
Siam, vêtue d’une tunique, un legging et un simple hijab n’entrave pourtant aucune loi. Les policiers, lui adressent un procès-verbal assorti d’une amende de 11 euros. Alors qu’elle refuse de signer, quelques vacanciers interloqués commencent à se rassembler autour de cette scène inhabituelle.
D’après Siam, ces policiers savaient ce qu’ils étaient venu chercher et avaient probablement été alertés par un une personne déjà présente sur la plage.
La scène révolte des témoins, qui interpellent les fonctionnaires et leur demandent ce que Siam a fait de mal. D’autres au contraire se sentent pousser des ailes et profitent de la présence des policiers pour se lâcher : "ici on est catholique, on veut pas de ça ! " ou encore " rentre chez toi !".
"Je me sens mal, humiliée et pointée du doigt alors que je fais rien de mal"
Finalement, les policiers la laissent tranquille et quittent les lieux, laissant la Toulousaine sans voix. Sa fille, en pleurs, ne comprend pas ce qui vient de se passer et pourquoi certains ont fait preuve d’autant de virulence. La famille quitte la plage peu après et Siam décide d’écourter son séjour pour revenir à Toulouse. "C’est mon pays, je l’aime mon pays, j’ai pas envie de me sentir étrangère et de me sentir rejetée", affirme-t-elle.Elle a longtemps réfléchi avant de témoigner devant les médias, craignant d’être sous les feux des projecteurs, avant d'être encouragée par Mathilde Cousin une journaliste témoin de la scène, qui a confirmé cette version à l’AFP.
En deux semaines, une quinzaine de femmes musulmanes ont été invectivées/verbalisées et ont saisi le @ccif. AUCUNE ne portait le #burkini.
— Marwan Muhammad (@Marwan_FX) 24 août 2016
Siam s’est mise en relation avec le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF) et va contester ce PV. Selon son directeur, Marwan Muhammad, 16 femmes auraient été verbalisées en France depuis quelques semaines dans des circonstances similaires. Aucune ne portait de burkini. Aucune plainte n’a été déposée contre la mairie de Cannes pour le moment.
David Lisnard a de son côté apporté son soutien aux policiers et dit ne pas avoir "de raison de douter du fondement du PV dressé sur la base stricte de la réglementation".
Un reportage de Maria Laforcade et Eric Coorevits :
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