Jean Calas n'est pas le plus connu des Toulousains. Chaque année, autour du 10 mars, une association de la ville rose rend hommage à cet homme, accusé à tort d'avoir tué son fils.
La rue des filatiers et la place Saint-Georges font partie des lieux incontournable de Toulouse. Chaque jour, Toulousains et visiteurs y passent forcément, en plein cœur de la ville rose. Mais, pour autant, combien savent que ces deux lieux ont été marquants dans la vie de Jean Calas, à qui l'association Libre pensée Haute-Garonne a rendu hommage, vendredi 10 mars ? Mais d'ailleurs, qui est-il ?
Un anonyme commerçant protestant
Si ce nom ne vous dit rien, ne complexez pas pour autant. L'affaire date du 18e siècle. Elle concerne donc Jean Calas, marchand de tissus toulousain et protestant. Un détail non-négligeable, à une période post édit de Nantes, particulièrement agité entre les différentes religions.
Père de six enfants, en 1761, Jean Calas, accompagné de Gaubert Lavaysse, ami de deux de ses fils, avec qui il dînait, constate le décès de son fils, Marc-Antoine mort pendu entre les deux battants de la porte qui communique de la boutique au magasin.
Un article sur le site du Ministère de la Justice précise la suite : "Alors que Lavaysse court chercher un chirurgien, les sanglots et les cris des Calas transpercent les murs et une foule s’amasse aussitôt devant leur maison. Cette foule ne connaît pas les causes de la mort de Marc-Antoine puisque les Calas ont convenu de ne pas les divulguer. A l'époque, les corps des suicidés sont en effet soumis à jugement puis à des peines infamantes".
Qui a tué Marc-Antoine ?
Alerté donc par les bruits, la foule accuse Calas, le protestant. On lui prête le geste, supposant que son fils voulait se convertir au catholicisme. Après deux interrogatoires durant lesquels il ne répond pas précisément aux question du Capitoul, approximatif sur les circonstances dans lesquelles il a retrouvé Marc-Antoine, Jean Calas fait figure de coupable idéal.
Son fils est enterré, selon le rite catholique, le 8 novembre 1761. Quelques jours plus tard, le 18 novembre, le premier procès se déroule à Toulouse. Les accusés se défendent seuls, interdits de bénéficier d'avocats. Après des mois d'un long procès, où le dossier d'accusation est particulièrement vide, Jean Calas est condamné à mort. Jusqu'à son dernier jour, le 10 mars 1765, l'accusé ne varie pas et continue de clamer son innocence. Pendant deux heures, il endure le supplice de la roue, avant que le bourreau l'étrangle puis jette son corps dans un bûcher ardent.
Réhabilité par Voltaire
Suite à la condamnation, l'affaire prend un tout autre tournant. La France entière est alerté de ce troublant procès, à tel point que Voltaire lui-même décide d'en examiner les pièces. Après ses recherches, il acquiert l'intime conviction que Jean Calas n'a pas pu tuer son fis. Le Ministère de la Justice détaille : "Il débute l’écriture du « Traité sur la tolérance » dès octobre 1762. Bien que son ouvrage ait pour origine l’affaire Calas, dont il dénonce les incohérences, Voltaire élargit les perspectives à une vaste réflexion sur la tolérance : « Sortons de notre petite sphère et examinons le reste de notre globe »".
Le 4 juin 1764, une assemblée de quatre-vingt juges casse l’arrêt du Parlement de Toulouse et ordonne la révision entière du procès. Jean Calas et sa famille sont définitivement réhabilités l'année suivante. Son épouse est invitée à Versailles pour rencontrer Louis XV qui accorde, à la famille, un pension de 36 000 livres.