Airbus publie ce 28 octobre 2021 ses résultats sur les neuf derniers mois. L'avionneur affiche de belles performances : un bénéfice net de 404 millions d'euros et 424 avions livrés depuis le 1er janvier 2021. Des résultats à modérer, selon la CGT du groupe.
Lors d'une conférence à Amsterdam (Pays-Bas) ce 28 octobre, Airbus a publié ses résultats financiers au troisième trimestre 2021. Après une période de turbulences liée à la crise sanitaire, l'activité de l'entreprise redécolle et affiche des bénéfices en hausse.
Le constructeur aéronautique européen annonce un bénéfice net de 404 millions d'euros pour le troisième trimestre. Un an plus tôt, le groupe enregistrait une perte de 767 millions d'euros. Depuis le début de l'année 2021, Airbus aura cumulé 2,6 milliards d'euros de bénéfices nets et fait progresser ses ventes de 17%.
Objectifs : 600 avions livrés en 2021
Ces résultats "reflètent une bonne performance de l'ensemble de l'entreprise, ainsi que l'attention portée à la réduction des coûts et à la compétitivité" a déclaré Guillame Faury, président exécutif d'Airbus dans un communiqué. L'industriel, qui a déjà relevé ses prévisions à la hausse en juillet dernier, compte bien continuer sur cette dynamique. La prévision de 600 avions livrés à la fin de cette année, contre 566 en 2020, est toujours d'actualité.
Lors de cette même conférence aux Pays-Bas, Guillaume Faury a confié son inquiétude sur "les risques potentiels" liés à la capacité des fournisseurs à suivre la remontée en cadence de la production. Avec des livraisons en septembre, et probablement en octobre, "un peu décevantes".
"Nous observons tous les tensions dans la chaîne d'approvisionnement (...), les difficultés qu'il y a à sortir d'une sorte d'hibernation de 15 mois et à repartir de l'avant dans un monde où de nombreux produits de base et de nombreux secteurs reprennent leur actvité", a t-il déclaré.
La forte demande de monocouloirs de type A320 devrait revenir à un rythme de 45 appareils par mois et à 65 à l'été 2023. La reprise de la production à allure soutenue implique donc de garantir la capacité des fournisseurs à soutenir la cadence.
Selon Guillaume Faury, il n'y aurait pas de "problème systémique" à la filière aéronautique. Si d'autres filières industrielles ont à faire face aux pénuries de composants électroniques ou encore de main-d'oeuvre, Airbus ne semble pas être affecté par cette conjoncture et "surveille la situation".
"Une forme d'indécence"
Du côté des salariés d'Airbus, Michel Molesin nuance les bénéfices de l'entreprise. "Contrairement au transport aérien, il n'y a pas eu de crise de l'aéronautique. Les résultats sont bons, mais à quel prix pour la collectivité ? Des milliards d'aides publiques, des salaires gelés, des savoir-faire disparus, des licenciements chez les sous-traitants. C'est presque une forme d'indécence".
"La mise en place des dispositifs d'aides publiques auraient profité à l'avionneur. Les résultats n'ont jamais été à ce niveau, pourtant les salariés n'en voient pas le retour", explique Michel Molesin, coordinateur CGT du Groupe Airbus.
Selon Maxime Léonard, délégué CGT Airbus, "après avoir supprimé près de 2.000 emplois en France et un an après le plan social, Airbus lance une campagne de recrutement alors qu'on aurait pu faire avec du chômage partiel". En définitive, "ils ont les mêmes problèmes que nous", observe le représentant syndical. "Tout comme les salariés qui font le même constat en interne : faire plus, avec moins de moyens".
"On peut remonter en cadence, mais si on n'embauche pas cela va être difficile. Le groupe voudra embaucher des intérimaires pour palier le surcroit temporaire d'activité, alors que ce sont des salariés statutaires qu'il faudrait pour honorer les 10 ans du carnet de commandes".
75 appareils par mois d'ici 2025
L'objectif pour Airbus est d'envisager la production de 75 appareils A320 d'ici à 2025. "Nous pensons que la demande justifie la cadence de 75, mais nous devons examiner la situation de la chaîne d'approvisionnement".
Le patron d'Airbus a également annoncé que les lignes d'assemblage de Toulouse et de Tianjin (Chine) allaient pouvoir bientôt produire l'A321, qui représente désormais plus de la moitié des avions monocouloirs à construire.