L'équipementier aéronautique toulousain Latécoère a été racheté par le fonds d'investissement américain "Searchlight Capital". Il détient désormais 62% du capital de l'entreprise. Les salariés de ce fournisseur d'Airbus sont dans le flou concernant les intentions du nouvel actionnaire majoritaire.
Fondé en 1917 l'équipementier aéronautique toulousain Latécoère vient d'être racheté par le fonds d'investissement américain "Searchlight Capital".
Au soir du 29 juin dernier, date du lancement de son OPA (Offre Publique d'Achat) sur les actions de l'entreprise Latécoère, le fonds d'investissement américain détenait déjà 26% du capital de l'entreprise, après avoir racheté dans un premier temps les parts détenues par 3 autres fonds d'investissement, un Américain, un Luxembourgeois et un Suisse.
Des hydravions aux fuselages : 100 ans d'histoire
Ce pionnier de l'Aéropostale avec ses hydravions, porte le nom de son fondateur Pierre-Georges Latécoère.Devenu équipementier aéronautique, il compte aujourd'hui Airbus parmi ses principaux clients... Mais aussi l'Américain Boeing !
Notre fournisseur français @LatecoereGroup a démarré la production des huit portes passagers du 1 000ème 787 #Dreamliner qui sera livré par nos équipes en 2020. Merci pour ce partenariat! https://t.co/UmKOAvdgZO
— Boeing France (@BoeingFrance) November 28, 2019
Il est spécialisé dans les aérostructures tels que des tronçons de fuselage, des portes de cabines, mais aussi dans les systèmes d'interconnexion (câblages, meubles avioniques et équipements embarqués) : des productions qu'on retrouve par exemple dans le tout nouvel Airbus A-350. Il emploie au total près de 5.000 personnes dans 13 pays.
Son usine historique de Périole à Toulouse cède peu à peu le pas à la nouvelle unité de production 4.0, bâtie à Montredon, et ultra-robotisée.
Une OPA acceptée par le Conseil d'Administration
L'an dernier, Latécoère a vu son bénéfice net fondre de 80% à 6 millions d'euros pour un chiffre d'affaires 2018 pourtant en très légère hausse. Une tendance qui s'est poursuivie au premier semestre 2019 et explique peut-être l'intérêt suscité auprès de ce nouvel investisseur.D'ailleurs le Conseil d'Administration de l'avionneur s'était positionné en faveur de cette OPA.
En revanche les représentants du personnel de Toulouse suspectaient le fonds américain de vouloir acquérir 90% du capital dans le but de sortir l'entreprise de la cotation à la bourse de Paris (Euronext).
Le personnel inquiet de ce rachat
Pour eux il s'agissait d'une opération strictement financière, et non à vocation industrielle.Du coup, le chiffre de 62% des actions ne permettant pas à "Searchlight Capital" de décider seul de la gouvernance de la société, ils n'écartent pas la possibilité que le nouvel actionnaire majoritaire revende rapidement ses parts.
Grandes manoeuvres
Par ailleurs Latécoère a annoncé il y a un mois être entré en négociations exclusives avec le Canadien Bombardier Aviation pour lui racheter son activité de câblage, dont le chiffre d'affaires annuel moyen est estimé à environ 60 millions de dollars (54 millions d'Euros).Ces grandes manoeuvres chez ce fleuron de l'industrie aéronautique toulousaine, autour de la nouvelle prise de pouvoir américaine, placent le personnel dans une situation d'incertitude, source d'inquiétudes pour leur avenir.