Ce vendredi 8 mars à l'occasion de la Journée internationale des femmes, dix habitantes du quartier populaire des Izards à Toulouse monteront sur scène pour la première fois dans la salle Ernest Renan. Pour beaucoup de ces femmes, le théâtre est devenu un moyen de libérer la parole.
"On a rigolé, le jour où ils nous ont proposé de faire du théâtre !" s'exclame Yamina Aïssa, habitante du quartier des Izards et co-fondatrice de l'association Izards Attitude. "Hors de question de se présenter en public !"Et pourtant, cinq mois plus tard Yamina va se produire sur scène avec neuf autres femmes du même quartier. Certaines d'entre-elles étaient réunies mercredi après-midi autour d'un café dans les locaux de l'association. La conversation tourne autour de la représentation de ce vendredi 8 mars : ce sera la première fois qu'elles se présenteront devant un public, et le trac commence à se faire sentir.
"Quand tu passes devant un public, faut pas se tromper," souligne Kaoutar, qui a appris son texte par coeur, avec quelques petits changements : "J'arrivais pas à dire 'affection', je disais 'infection' à chaque fois à la place. J'ai dû changer le mot parce que sinon on m'aurait dit d'aller voir mon gynécologue !" rit-elle.
"C'est comme si un mur était tombé"
Monter sur scène est un grand pas pour beaucoup de ces femmes, qui se sentent loin du monde du théâtre. "Il y a une image de bourgeois associé au théâtre, c'est pas un art du Peuple" explique Yolande, une autre habitante du quartier. "C'est comme aller à une expo, on ne se l'autorise pas, on a tendance à considérer que c'est pas pour nous, femmes des quartiers."
Mais avec l'aide de leur professeur de théâtre Benjamin Nakach, ces dix femmes aux origines multiples ont décidé de briser la barrière et de se lancer dans l'apprentissage et la performance de textes. Un exercice libérateur qui leur a permis de s'exprimer, parfois pour la première fois.
"Avant, je ne pouvais même pas lire devant mes gosses, par peur de me tromper," raconte une autre femme qui s'appelle aussi Yamina, yeux sincères derrière ses lunettes. "Je détestais les photos, les micros... J'étais très timide ! Maintenant je sors de chez moi, je rencontre plein de monde... C'est comme si j'avais un mur devant moi qui maintenant est tombé."
"Il ne faut pas oublier les femmes invisibles"
La performance de lectures théâtralisées de ce vendredi soir c'est l'occasion de s'exprimer, mais aussi de mettre en lumière la situation des femmes dans le monde d'aujourd'hui. Les membres de l'association lisent et mettent en scène des textes qui portent sur le droit des femmes.
"Il reste des progrès à faire, la femme n'a toujours pas suffisamment de place dans la société," souligne Yolande. Pour elle, il ne faut pas oublier les femmes "invisibles": "Toutes celles qui font des sous-métiers, comme les femmes de ménage. On ne les entend jamais. Elles sont invisibles, mais elles sont importantes !"
Ce premier spectacle des membres d'Izards Attitude aura lieu à partir de 18h ce vendredi 8 mars dans la salle Ernest Renan près de l'arrêt de métro Trois Cocus. Elle s'inscrit dans une journée dédiée à la parole des femmes de quartier organisée par l'association et le centre social des Izards. Pour plus d'informations, écrire à association@izardsattitudes.org ou appeler le 06 09 97 83 15.