Une manifestation des motards d'Occitanie est organisée ce samedi 26 novembre, à partir de 13 H 30, sur le périphérique toulousain. Ils protestent contre la décision du Conseil d’Etat de rendre obligatoire les contrôles techniques sur les deux-roues à partir du 1er janvier 2023 mais aussi contre la mise en place de la ZFE à Toulouse.
C’est un nouveau rebondissement qui ne passe pas auprès des motards. Le 31 octobre dernier, le Conseil d’Etat a retoqué le décret pris par le gouvernement lui permettant de revenir sur l’application du contrôle technique aux « deux-roues », initialement décidée en août 2021 et suspendue le 25 juillet dernier. Une décision incomprise par les motards toulousains, qui se réunissent ce samedi 26 novembre, à 13 H 30, pour manifester sur le périphérique de Toulouse.
Afin de respecter la directive européenne 2014/45/UE du 3 avril 2014, les Etats membres de l'Union européenne ont l’obligation d’instaurer "un contrôle technique périodique des véhicules à moteur de deux, trois ou quatre roues de cylindrée supérieure à 125 cm3 à partir du 1er janvier 2022" selon le communiqué du Conseil d’Etat du 31 octobre.
Pour déroger à cette obligation du droit européen, les pays membres peuvent toutefois proposer la "mise en œuvre de mesures alternatives pour améliorer la sécurité routière", la voie choisie par le gouvernement face à la grogne des motards français.
Un décret retoqué
Le conseil d’Etat, saisi par trois associations (Respire, Ras-le-Scoot et Paris sans voiture) a cependant retenu deux motifs d’illégalité dans le décret du 25 juillet 2022. Selon l’instance française, "la suppression du contrôle technique aurait dû être soumise à consultation du public, compte tenu de son incidence directe et significative sur l’environnement" et soutient que "les mesures alternatives n’étant pas suffisamment efficaces, au regard des exigences de la directive, pour améliorer la sécurité routière des motards".
Ainsi, le gouvernement se trouve dans l’obligation de revenir au précédent décret, fixant une entrée en vigueur progressive du contrôle technique des deux-roues : le 1er janvier 2023, pour les véhicules immatriculés avant 2016, et des dates échelonnées entre 2024 et 2026, pour les véhicules immatriculés à partir de 2016.
Plus de sécurité routière
"Nous ne comprenons pas cet acharnement sur les deux-roues, soupire Maurice Caubel, membre de la Fédération française des motards en colère. Nous travaillons depuis 12 ans à la mise en place de mesures alternatives sur la sécurité routière. Quatre sont en cours, une cinquième en expérimentation, une sixième en discussion."
Parmi ces mesures, un renforcement de la protection vis-à-vis des angles morts des poids lourds avec des étiquettes, des plans départementaux d’action de la sécurité routière afin d’améliorer la prévention, une concertation sur la pollution sonore des moteurs trop bruyants ou encore, en discussion, l’attribution d’une prime à la conversion pour les motos.
"La sécurité, c’est la base pour un motard, soutient Maurice Caubel. Tous les organes de sécurité de nos engins sont visibles à l’œil nu." C’est d’ailleurs le principal argument des Motards en colère : les contrôles techniques leurs seraient bien moins utiles qu’à des automobilistes car le soin apporté à l’entretien d’une moto est bien supérieur.
Des chiffres de la mortalité en baisse
"Ça peut être un gage de qualité, pour ceux qui n’y connaissent rien en mécanique, explique Grégory Dechelpretre, gérant du garage Atlanta Bike à Toulouse. Mais c’est encore une contrainte. La plupart de mes clients font très attention à leur engin car c’est un plaisir en plus d’être un moyen de transport."
Pour ce garagiste, les automobilistes sont moins attentifs à l’état de leur véhicule car la plupart des pièces sont cachées sous la carrosserie. "En général les motos sont bichonnées. Alors j’espère que les normes des contrôles techniques des deux-roues ne seront pas trop drastiques..."
Pour appuyer ses arguments, la Fédération des motards en colère se base sur le dernier bilan de la mortalité publié par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière. En 2021, 2 944 motards ont trouvé la mort dans un accident de la route, un chiffre en baisse de 19% par rapport à 2010. "Alors que le nombre de motards a augmenté de 20%", affirme Maurice Caubel.
La zone à faibles émissions discutée
Outre l’instauration du contrôle technique pour les deux-roues, les motards manifestent aussi leur opposition à la Zone à faibles émissions toulousaine, mise en place depuis mars 2022. Instaurées de manière progressive, les restrictions décidées par la municipalité concerneront les deux-roues à partir du 1er janvier prochain.
A compter de cette date, "tous les véhicules motorisés certifiés Crit’air 4, 5 et non-classés" ne pourront plus circuler dans la zone, une restriction étendue à « tous les véhicules motorisés jusqu’au Crit’air 3 » au 1er janvier 2024. "La moto est un gage de fluidité de la circulation, on ne comprend pas pourquoi cet outil de mobilité serait interdit en ville", s’indigne Maurice Caubel, qui dénonce une "ZFE la plus contraignante de France".
Environ 500 motos sont attendues ce samedi 26 novembre, à partir de 13 H 30, pour une opération de ralentissement sur le périphérique toulousain, avec un départ prévu depuis le Circuit Candie.