Toulouse : des locataires veulent sauver une maison de la démolition, un lieu de mémoire de la résistance toulousaine

Cette petite maison située au 17 chemin Lapujade est menacée de destruction par la ville de Toulouse dans le cadre du nouveau projet urbain de Matabiau Bonnefoy. Les locataires tentent de la sauver, elle qui a tant résisté et servi de "planque" sous l’occupation allemande.
 

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C'est une petite maison ouvrière du début 20 ème, un bout d'histoire populaire qui ne gêne personne

explique Jean-François, le locataire du 17 chemin Lapujade
C’est une maison, un temps oubliée et qui aujourd’hui est en danger de démolition. Située au 17 chemin de Lapujade dans le quartier Bonnefoy la petite maison a joué un rôle important pendant la deuxième guerre mondiale. Elle a abrité les activités clandestines d’un groupe toulousain de FTPF et a notamment servi de refuge au résistant Louis Taudou.
Cette masion en pointe est située à proximité des voies ferrées et de l’usine Dewoitine, ses locataires Christelle, Jean-François et leurs trois enfants tentent de la sauver des griffes des pelleteuses.

Nous y sommes très attachés, on y est bien avec nos enfants, c’est un lieu chargé d’histoires, c’est un devoir de mémoire de la conserver, elle ne peut pas se réduire à une plaque commémorative.

Jean-François, locataire


Victime de la réhabilitation du quartier Bonnefoy Matabiau


Locataires depuis 2012, Christelle et Jean-François ont été informés de la vente de la maison en mai dernier. Très attachés à ce petit bout de terre, 76 m2, ils tentent le coup et font une offre au propriétaire qui sera acceptée. Ils ne roulent pas sur l’or mais obtiennent un crédit bancaire. La mairie de Toulouse mettra un coup d’arrêt à leur rêve. En octobre la famille a la mauvaise surprise de recevoir un courrier annonçant le souhait de la ville de préempter la vente pour détruire la maison au motif "d’extension du jardin Lapujade", un jardin situé un peu plus loin de l’habitation.


Le pot de terre contre le pot de fer ?

La famille soutenue par les habitants du quartier et des associations d’anciens résistants voudrait conserver le droit d’acquérir cette maison. 
"Cette maison, elle est en bon état. Si les propriétaires n’ont pas entretenu la façade, nous avons obtenu depuis 2012 que la toiture soit rénovée (charpente et couverture), que les portes et fenêtres soient changées et que la chaudière soit remplacée ", raconte Jean-François.
La famille souhaite aussi restaurer la façade en cas d'acquisition : "nous voulons rester dans notre quartier avec nos trois enfants".

Cette maison n’est pas un appartement au milieu d’une barre d’immeuble qui s’écroule. C’est une maison en bout de rue et je ne vois pas pourquoi la mairie est obligée de la démolir. Avant qu’un bâtiment administratif y soit accolé, il y avait un jardin. Revenir à cette situation initiale ne gênerait ni les voisins, ni aucun projet urbain.


La famille entre en résistance et crée une page Facebook pour informer les voisins et les associations de leur situation. "Les projets immobiliers dans le quartier Bonnefoy excluent malheureusement les plus pauvres, les nouvelles constructions sont inaccessibles à notre petit budget et quitter son logement c’est du coup s’éloigner de la ville et nous on est bien ici, nous souhaitons y rester".
 
"Nous souhaitons que le projet de jardin qui est évoqué par la mairie de Toulouse, n’intègre pas notre maison". Jean-François et Christelle ne désirent conserver que les 76 m2, "autant dire, rien du tout dans un projet urbain", rajoute le locataire.

Lieu de "mémoire de la résistance toulousaine"

Le jeune résistant Louis Taudou qui travaillait à l’usine Dewoitine aux Minimes, y fut hébergé pendant la deuxième guerre mondiale. Dans son ouvrage "Libérer Toulouse", il relate des épisodes vécus dans cette maison. Notamment la descente de la Gestapo en 1944. Les Allemands ont perquisitionné la maison à la recherche "d’activités terroristes" mais ne trouveront rien. Louis Taudou eut le temps de cacher l’appareil photo dans la cheminée et échappa à l’arrestation. Plus tard il créa le groupe d’artiste "Tournée 17-13", une couverture pour des résistants en lutte contre l’occupation nazie.

Bien d’autres histoires encore méconnues mériteraient d’être mises en lumière. La famille reçoit des courriers d’enfants de résistants dans lesquels ils témoignent du rôle de leur petite maison dans l’histoire de la résistance toulousaine. Le fils d’un résistant a conservé les écrits de son père, qui était recherché par la gestapo et qui s’était caché dans la maison de Christelle et Jean-François. Son père était tombé amoureux de la fille du propriétaire.

"Nous sommes prêts à ouvrir notre maison aux écoles, c’est un lieu de mémoire". Ils en auraient le cœur brisé de la voir disparaître, engloutie et juste remplacée pour devoir de mémoire par "une simple plaque commémorative".


La famille reste mobilisée, elle a alerté le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc ainsi que le Département de la Haute-Garonne. Le couple a rendez-vous ce mardi après-midi avec l’élu de quartier à la Metropole toulousaine. Ils ont jusqu’au 9 décembre pour demander un recours. Une décision qu’ils prendront après l’entretien. Tout dépendra de la tenue des échanges.  
 
 
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