Un Toulousain de 49 ans est victime depuis 3 ans d'une usurpation d'identité. Un faussaire a profité de sa carte d'identité perdue pour effectuer de très nombreuses dépenses à son détriment. Lourdement endettée et fichée par la Banque de France, la victime endure un chemin de croix au quotidien.
Toulousain âgé de 49 ans, X. a perdu sa carte d'identité un jour de 2017. Il a signalé cette perte aux autorités pour pouvoir en refaire une nouvelle. Ce qu'il ignorait, c'est qu'elle n'était pas perdue pour tout le monde.
Un faussaire compétent a récupéré cette carte : elle lui a suffi pour obtenir un avis d'imposition auprès du Centre des Impôts. A partir de là toute une mécanique s'est enclenchée.
La spirale infernale
En effet, avec la simple photocopie d'une pièce d'identité et un justificatif de domicile, beaucoup de choses sont possibles : ouvrir des comptes bancaires en ligne, souscrire à des services financiers particuliers (augmentation de plafonds bancaires, souscription à des assurances...) des abonnements téléphonique ou internet et même - grâce au compte en ligne créé - faire des achats sur des sites marchands.Les entreprises françaises sont pourtant alertées sur ces arnaques qui ne cessent de se développer.
X. a été victime de cette spirale infernale : cela a commencé par un courrier lui confirmant l'ouverture d'un compte en ligne qu'il n'avait jamais sollicitée.Plus de 7 entreprises sur 10 ont subi au moins une tentative de fraude cette année https://t.co/UUqHLunAWk
— Usurpation d'identité (@Usurp_ID) May 27, 2020
Une brave dame inondée de courriers
Mais pire encore : grâce à la présence sur internet de très nombreuses données personnelles auxquelles tout le monde peut avoir accès, surtout sur les réseaux sociaux, le faussaire a su quel était son employeur, il a pu créer de fausses fiches de paie, et enchaîner les dépenses (retraits d'argent, achat de billets d'avion, etc).Il a poussé l'escroquerie jusqu'à donner une fausse adresse, celle d'une dame qui a vu arriver dans sa boîte aux lettres tous les courriers des banques et des impôts et autres demandes de recouvrement adressés au nom de la victime.
La vie quotidienne ruinée
Au bout de cette chaîne d'évènements, toutes ces dépenses et autres réclamations ont abouti sur le compte de X., sommé de rembourser tous ces créanciers et bien-sûr, sans avoir les moyens de le faire. Il s'est donc retrouvé fiché par la Banque de France, ce qui a entraîné les pires difficultés dans sa vie quotidienne.- d'une part des commerces et des services refusant ses moyens de paiement
- de l'autre des créanciers par dizaines réclamant le remboursement de dépenses auxquelles il ne pouvait faire face, et surtout qu'il n'avait jamais effectuées.
Dès le départ X. a porté plainte contre son faussaire au commissariat. Par la suite, ce sont tous les organismes, entreprises, commerces et même des particuliers, victimes de cette escroquerie, qui ont porté plainte contre lui.Toute notre vie privée figure dans nos ordinateurs et nos téléphones portables. La perte d'une pièce d'identité ne fait que faciliter le travail d'un faussaire : il récupère avis d'imposition et justificatifs de domicile ; à partir de là il peut créer de fausses fiches de paie et enchaîner ensuite les dépenses et autres escroqueries.
Un délit puni par la loi
Il a donc dû à chaque fois déposer une plainte complémentaire pour que ces poursuites soient menées contre l'usurpateur de son identité.Selon la loi française il s'agit d'un délit pénal, donc c'est le parquet de Toulouse qui dirige l'enquête, mais les services de police dédiés à ce type de dossiers sont saturés.
En effet, en France, plus de 200 000 personnes seraient victimes d'usurpation d'identité en ligne chaque année.
Du fait que le champ de bataille est essentiellement financier et commercial, c'est le ministère de l'économie qui présente sur son site internet une page spécifiquement consacrée aux usurpations d'identité, aux moyens de s'en protéger, et aux démarches à effectuer quand on en est victime.
On peut aussi trouver des informations utiles sur le site du Réseau France victimes ainsi qu'une écoute.
Le plaisir de nuire sur les réseaux sociaux
Il faut en effet bien cerner les différents types d'usurpation d'identité :- X. est victime de l'escroquerie la plus classique, qui a surtout des visées économiques (financer des dépenses)
- les usurpations les plus fréquentes sont pratiquées sur internet pour nuire à la réputation d'une personne sur les réseaux sociaux (par exemple par vengeance suite à une rupture amoureuse). C'est même devenu pour beaucoup un sport national
- enfin il y a des cas beaucoup plus graves : ceux dans lesquels l'usurpation est utilisée pour commettre des infractions, des délits, notamment dans le domaine de la délinquance routière. Là, les conséquences sur la victime peuvent durer des années.
A ce moment là le faussaire se retrouve coincé... Il ne lui reste plus qu'à trouver une nouvelle identité à usurper.
Des dégâts psychologiques non négligeables
Quant à X. il doit désormais faire face aux conséquences psychologiques de ce long chemin de croix, qui lui gâche sa vie quotidienne depuis 3 ans, et dont il ne sait pas quand il en verra le bout.Ces dégâts psychologiques sur les victimes d'usurpation d'identité ne sont surtout pas à négliger : être considéré comme un escroc dans toute la sphère de sa vie sociale n'a rien d'anodin et vous impacte de plein fouet.
Les mesures de prudence
- choisissez un mot de passe sûr en alternant les majuscules et minuscules, les chiffres etc.
- n'utilisez pas un mot de passe unique sur tous vos comptes, alternez en fonction des sites
- ne partagez pas vos mots de passe et prenez vos précautions lors de leur utilisation sur d’autres ordinateurs que le vôtre
- vérifiez l’authenticité d’un expéditeur avant d’envoyer des informations personnelles ou sensibles par mail
- évitez d'inscrire votre adresse mail principale sur des sites dont vous n’êtes pas sûr
- soyez attentif à vos relevés de compte bancaire
- détruisez tout papier comportant des informations personnelles avant de le jeter.