Les évêques de France se retrouvent de mardi à vendredi à Lourdes pour leur assemblée de printemps, leur première "plénière" depuis les attentats de janvier: un temps de retraite et de débats dans un contexte agité sur la laïcité et les sujets de société.
Traditionnellement, l'assemblée plénière de printemps est plus légère, moins cruciale, que celle d'automne.
Cette session ne devrait pas déroger à l'usage, même si l'actualité s'y invitera forcément, le premier jour. D'abord avec le discours du président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Georges Pontier, puis lors du libre débat parmi les quelque 120 évêques titulaires et auxiliaires réunis dans l'hémicycle Sainte-Bernadette des sanctuaires de la cité mariale pyrénéenne.
"Le vivre-ensemble - même si je n'aime guère cette expression - est quelquefois mis à mal, et je crois que les religions ont quelque chose à faire entendre sur ce sujet. Quelle société voulons-nous construire?", confie le secrétaire général de la CEF, Mgr Olivier Ribadeau Dumas, qui vivra sa première assemblée en tant que porte-parole des évêques de France. "On a quelque chose à dire, et je crois que nous sommes attendus."
Mardi, le président de la conférence épiscopale devrait évoquer le débat sur la laïcité, qui s'est crispé ces dernières semaines. L'Eglise de France n'a pas manqué de prendre position, appelant au respect de l'esprit la loi de 1905, qui ne prévoit pas que les convictions religieuses soient bannies des entreprises, par exemple des crèches privées.
L'assemblée pourrait aussi se faire l'écho de la présence active des évêques sur les sujets de société, depuis son retour sur cette scène en 2012-2013 autour du mariage homosexuel, avec certes des nuances au sein de l'épiscopat. Récemment, c'est sur la fin de vie que l'Eglise a pris position, rappelant son refus absolu de l'euthanasie voire son rejet de la sédation profonde jusqu'à la mort. Mais aussi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG): la fin annoncée du délai de réflexion de sept jours imposé aux femmes l'a fait bondir.
La prévention de la pédophilie au sein du clergé sera un des thèmes de réflexion. "Nous avons beaucoup travaillé la question au début des années 2000. Mais en 14 ans, 80% des évêques français ont été renouvelés. Il nous paraissait important de pouvoir réfléchir à nouveau avec eux, notamment sur le souci de l'accueil des victimes", fait valoir Mgr Ribadeau Dumas.
Rien de décisif sur le synode
Et qu'attendre sur la famille, en vue du prochain synode (assemblée d'évêques) ordinaire, organisé à Rome en octobre? Sans doute pas de vifs échanges sur l'accès aux sacrements des divorcés remariés et la place des homosexuels dans l'Eglise, points d'achoppement à Rome lors du synode extraordinaire d'octobre dernier. Il y aura à Lourdes des forums sur la pastorale familiale, mais rien de décisif. Ce n'est pas dans ce cadre que sera élaborée la contribution épiscopale française, remise au Vatican mi-avril, au document de travail ("instrumentum laboris") du prochain synode.
La dimension spirituelle de cette collégialité des "successeurs des apôtres" en France sera prégnante en ce printemps, avec 24 heures de récollection (retraite) entre mardi et mercredi, un temps durant lequel les médias sont invités à se tenir à l'écart des sanctuaires.
"Pour la première fois, un acte de discernement évangélique va répondre à l'appel du pape François à scruter les signes des temps, à entendre ce que l'Esprit saint nous dit, dans la prière et le silence", souligne le père Ribadeau Dumas.