La chasse du Grand Tétras des Pyrénées interdite pour 5 ans : une victoire pour les écologistes, une injustice pour les chasseurs

Le Conseil d’Etat vient d’interdire la chasse du Grand Tétras des Pyrénées jusqu’en 2027. Une victoire pour les associations écologiques vécue comme une injustice par les chasseurs des Hautes-Pyrénées.

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Le Grand Tétras ne pourra plus être chassé dans le massif pyrénéen. Le Conseil d’État, saisi par plusieurs associations écologistes, vient d’imposer un moratoire de 5 ans sur la chasse du plus gros oiseau terrestre d’Europe.

Un animal classé vulnérable

Il a l’allure d’un gros coq noir mais des yeux habillés d’un fard rouge et la queue en immense éventail. Difficile de l'apercevoir, le Grand Tétras a disparu des Alpes et du Jura. On ne le trouve que dans les Vosges, les Cévennes (grâce à une réintroduction) et surtout dans les Pyrénées. Mais depuis 1960, sa population a fortement diminué : elle a été divisée par 5. Seuls 4500 oiseaux seraient encore présents sur le sol français (dont 4000 dans sur le massif pyrénéen). 

L’animal est classé comme vulnérable sur la liste des espèces menacées, mais jusqu’à aujourd’hui, des autorisations de chasse étaient délivrées.

Une longue bataille judiciaire

Depuis 2008, de nombreuses associations écologistes contestent systématiquement devant le tribunal les arrêtés préfectoraux autorisant la chasse du Grand Tétras dans les départements du massif pyrénéen. « Il est grave que dans notre démocratie, pour faire respecter les préconisations des scientifiques et enrayer le déclin d'une espèce, les associations soient obligées de recourir pendant plus d'une décennie contre des arrêtés préfectoraux annulés les uns après les autres, en place des services en charge de la biodiversité qui devraient assurer cette protection, cela sans que les décideurs politiques n'entendent ni la voix de la justice ni celle de la science », a déclaré Jean-David Abel, le responsable biodiversité de France Nature Environnement et administrateur de l’Office Français de la Biodiversité.

L’association France Nature Environnement Midi-Pyrénées, avec la FNE des Hautes-Pyrénées, Nature En Occitanie, Nature Comminges, le Comité Ecologique Ariégeois, le Groupe Ornithologique du Roussillon et FNE national, ont ensemble porté l’affaire devant le Conseil d’État. Ce dernier a donc rendu sa décision le 1er juin 2022 et ordonné au ministère de l’Écologie d’imposer un moratoire de 5 ans sur la chasse du Grand Tétras à partir du 15 juillet 2022. “On peut espérer maintenant une mobilisation collective sur les autres facteurs de déclin du Grand Tétras, malheureusement fort nombreux, pour enfin permettre à ce magnifique oiseau de restaurer ses effectifs et maintenir sa viabilité dans les montagnes pyrénéennes.”

En effet, la survie de l’espèce est menacée par de nombreux facteurs : la modification de son habitat, de son climat, l’exploitation forestière ou le tourisme perturbent sa reproduction, et sont autant de facteurs menaçant l’oiseau.


Une décision prise sans consulter les chasseurs

La chasse n’étant pas considérée comme l’une des principales menaces à la survie de l’espèce, la décision du Conseil d’État est vécue comme une injustice par les chasseurs du massif pyrénéen. “Sur les 2000 mâles présents, nous ne prélevions que 5 à 6 coqs chaque année. Et bien souvent, de jeunes coqs qui n’auraient pas passé l’hiver”, défend Jean-Marc Delcasso.

Le président de la fédération de chasse des Hautes-Pyrénées s’occupe de ce dossier depuis de nombreuses années, il est très en colère. “Cette décision du Conseil d’État résulte d’une méthode de voyous”, dénonce-t-il. “Elle a été prise en connivence avec les associations écologiques et l’ancienne ministre Barbara Pompili. Nous n’avons ni été écoutés, ni même informés de cette attaque du Conseil d’État.”

“On veut bien être condamné, mais il faut avant cela qu’on nous laisse nous défendre” Jean-Marc Delcasso, président de la fédération de chasse des Hautes-Pyrénées.

Président de la fédération de chasse des Hautes-Pyrénées.

Les chasseurs regrettent que tout le travail accompli pour la préservation du Grand Tétras n’ait pas été pris en compte. Chaque année, ils investissent 100 000 à 150 000 euros pour y contribuer. “Nous assurons le comptage de l’oiseau, nous régularisons ses prédateurs, dénonçons le tourisme et les travaux forestiers qui les menacent. C’est nous également qui rendons les clôtures visibles à leurs yeux”, énumère Jean-Marc Delcasso. “En nous en interdisant la chasse, Barbara Pompili et le Conseil d’État vont se priver de tous ces services. Barbara Pompili sera la fossoyeuse du Grand Tétras.”

Les chasseurs des Hautes-Pyrénées, déplorent ainsi la négation de leur travail sur ce massif. Ces toutes dernières années, la population du Grand Tétras augmentait dans la région.  

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