Le modèle économique des petits aéroports d'Occitanie à revoir pour la Cour des comptes

Proximité des aéroports, financements publics, impossible rentabilité, le rapport de la Cour des comptes sur le maillage aéroportuaire français relève plusieurs anomalies en Occitanie. Une fois de plus, l'aéroport de Tarbes-Lourdes est épinglé.

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Les rapports se suivent et se ressemblent. La crise du covid a laissé des traces et le trafic aérien peine à retrouver son niveau d'avant 2019. C'est encore plus flagrant pour les 41 aéroports de taille moyenne dits "intermédiaires" (Tarbes, Rodez, Castres, Montpellier, Carcassonne, Béziers, Nîmes et Perpignan pour l'Occitanie). Souvent propriété des collectivités territoriales, ils ont accueilli entre 10 000 et 3 millions de passagers commerciaux en 2019 avec certaines aberrations relevées par la Cour des comptes.

2 aéroports distants de 50 km pour une même destination

Tout d'abord le rapport soulève une nouvelle fois le cas des aéroports de Pau (Aquitaine) et de Tarbes (Occitanie) distants seulement de 50km et qui sont en forte concurrence pour la liaison vers Paris. "Les plateformes partagent en partie la même zone de chalandise et s’affrontent sur la liaison vers Orly. Il existe ainsi huit vols par semaine entre Pau et Paris-Orly entre 6h30 et 13h30 et douze par semaine entre Tarbes et Paris-Orly aux mêmes horaires."

Le rapport note tout de même une différence : "L’aéroport de Pau est très majoritairement orienté vers le trafic national exploité par des compagnies traditionnelles et avec une forte proportion de vols vers Paris en lien avec la densité du tissu économique local. Tarbes vise a contrario principalement l’import de passagers étrangers par des compagnies à bas coût pour assurer notamment la desserte du sanctuaire de Lourdes."

Mais les rapporteurs relèvent aussi que les aéroports restent sous-utilisés au regard de leur capacité.

  • Tarbes stagne depuis vingt ans entre 400 000 et 500 000 passagers alors que la plateforme peut en accueillir 1,5 million
  • Le trafic passager en 2021 par rapport à 2019 était toujours inférieur de 60 % à Pau, de 74 % à Tarbes
  • On estime à 6 983 tonnes de CO₂ en 2019 le bilan carbone des sièges inoccupés sur les liaisons Pau / Orly et Tarbes / Orly.

Des aéroports sous perfusion

Encore plus avec la crise du Covid, les aéroports dits "intermédiaires" sont soutenus par l'Etat et les régions.

Ainsi, la liaison Tarbes-Orly est financée par l’État et les collectivités territoriales sous le régime des lignes d’aménagement du territoire. Les aéroports de Nîmes et Montpellier également très proches géographiquement bénéficient d'aides qui ont été validées par la Commission Européenne. Elle considère que "les types de compagnies, de clientèles et de destinations étaient suffisamment différents pour ne pas constituer une distorsion de concurrence." Mais jusqu'à quand ?

Sur le cas des aéroports de Tarbes et Pau, le rapport incite les 2 régions (Occitanie et Aquitaine) à se rapprocher pour plus d'efficience. 

D'ailleurs, la région Occitanie, propriétaire de l’aéroport de Carcassonne et majoritaire dans les syndicats mixtes de ceux de Tarbes et de Perpignan a mis en place une gouvernance intégrée de ces trois plateformes. En 2019, s'est créée une SPLAR : Société Publique Locale Aéroportuaire Régionale. 

Un modèle économique révolu

Beaucoup d'aéroports avaient misé sur une croissance forte du trafic de passagers. Or, avec le Covid, la pratique du télétravail et le bilan carbone peu flatteur de l'avion, c'est tout le contraire qui se produit. "Les contrats de concession des aéroports de Tarbes ou de Lille qui prévoient des hausses de trafic comprises entre 50 et 75 % sur les 10 à 20 prochaines années paraissent désormais peu réalistes. De même, la construction d’une nouvelle aérogare à Carcassonne, pour un investissement prévisionnel de 9,4 M€, apparaît en décalage alors que le trafic a diminué de 22 % entre 2009 et 2019 et que la plateforme est largement sous-utilisée."

Dans les 153 pages que contient ce rapport, on retrouve d'autres anomalies. "Certains aéroports concluent des contrats économiquement défavorables allant jusqu’à consentir à une utilisation du service aéroportuaire à titre gratuit." C'est le cas à Tarbes, ce qui rend difficile un retour sur investissement.

Le rapport souligne également certains achats de marketing et de promotion très coûteux pour les aéroports et peu efficaces. Cette pratique est fortement utilisée dans la région Occitanie.

  • Ryanair et sa filiale ont reçu près de 33 M€ de 2017 à 2019, soit près de 11 M€/an, de la part de six aéroports : Béziers, Carcassonne, Nîmes, Perpignan, Rodez et Tarbes
  • Les prévisions de la SPLAR (Carcassonne, Perpignan et Tarbes) prévoient des dépenses de marketing de 85,9 M€ de 2023 à 2029, représentant 115 % de son déficit d’exploitation prévisionnel

Des études ont prouvé que les moteurs de recherche étaient bien plus efficaces que ces investissements en publicité pour la réservation de billets.

En conclusion, la Cour des comptes recommande à l’État de revoir et d’harmoniser le maillage aéroportuaire français. Elle suggère la création d’un "observatoire des aéroports" pour avoir une vision d’ensemble.

Elle pointe également une nécessaire adaptation à la transition énergétique, prenant en compte les particularités de chaque aéroport. L’avion émet en moyenne près de 100 fois plus de gaz à effet de serre par passager transporté que les TGV selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

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