"Le processus a été long, il fallait trouver le bon endroit avec l’effet waouh pour qu’on soit très heureux d’être ici", le retour à la terre des néoruraux

Les "3e Rencontres nationales du retour à la terre" viennent de se produire à Lourdes (Hautes-Pyrénées). Sociologues, universitaires, porteurs de projets en milieu rural, élus, ont partagé leur expérience sur le parcours de néoruraux, venus à la campagne. Exemple dans le val d'Azun (Hautes-Pyrénées), avec un couple qui s'est installé pour cultiver des plantes aromatiques et fabriquer des eaux florales ou des liqueurs.

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Jana Petricova et son compagnon Sylvain Delord ont sillonné pendant plusieurs mois les massifs montagneux français, en quête d'un point de chute pour changer d'activité et de vie. Ils ont visité une centaine de fermes avant de choisir le val d'Azun et le petit village d'Aucun (Hautes-Pyrénées).

Eaux florales, hydrolats et liqueurs

Ils vivent désormais de la vente des eaux florales, liqueurs et autres sirops. Un projet original bien implanté dans le val d'Azun. "On transforme des plantes médicinales et des petits fruits en eaux florales, hydrolat et liqueurs, déclare Yana Petricova. C’était un long processus de réflexion, de formation et de recherche avec mon compagnon Sylvain. On voulait être à la montagne et le val d’Azun est un endroit magique. On a cherché une production un peu différente de ce qui se fait habituellement avec les plantes. Je me suis formée à la distillation des plantes par la vapeur d’eau et Sylvain davantage sur les alcools."

Six ans de formation et de recherches. Ils voulaient s'installer à la montagne et le val d'Azun leur a tapé dans l'œil. Ils sont alors tombés sur un terrain de 2 ha avec une grange à retaper. "Pour Yana et pour moi, c’était un grand saut, reconnaît Sylvain Delord. J’étais responsable export dans l’industrie agroalimentaire. J’en ai eu marre de faire la route. Avec une envie d’un retour à la terre et d’être au grand air. Le processus a été long. Il fallait trouver le bon endroit avec l’effet Waouh, qu’on soit très heureux d’être ici. On a visité plus de 100 fermes. On a trouvé de très chouettes endroits. Ici, la vallée est magique, particulièrement cette saison où les sommets sont enneigés. L’ambiance globale de la vallée est atypique."

Bien aidé par la mairie et beaucoup d'agriculteurs, le couple avait heureusement signé un compromis de vente juste avant la covid. La pandémie a un peu retardé et compliqué les choses ; le fait d'être des néoruraux aussi.

Quelques frictions mais un bon accueil

Une fois sur place, il a fallu remettre en culture les pâturages et retaper la grange pour accueillir un lieu de vente, mais également leur résidence. Dès le départ, Yana s'est formée pour tout ce qui est eaux florales, hydrolats, huiles essentielles et Sylvain les liqueurs. "J’ai un passé de créateur de marque de bière. On avait pensé à la création d’une gamme de spiritueux. J’ai une appétence pour les alcools, j’adore le processus de création, le côté à la fois un peu cuisinier et chimiste, la relecture de vieilles recettes qu’on revisite. La grande majorité des produits viennent de notre ferme sauf pour le pastis. La liqueur de framboise est bien faite avec nos framboises."

L'arrivée de ces néoruraux a été évidemment scrutée de près. "Les gens étaient intrigués, curieux de voir ce qu’on faisait, reconnaît Yana. Ils ont vu qu’on travaillait et que le projet était viable." 

Avec forcément une différence. Le val d'Azun n'est pas la Provence et cette activité de plantes n'allait pas de soi. En revanche, les liqueurs font partie d'une tradition ancestrale que l'on trouvait dans ces montagnes pyrénéennes. Ce qui n'a pas rassuré tout le monde. "En ayant acquis ces 2 hectares et cette grange, on a un peu déstabilisé l’équilibre du foncier agricole en local, poursuit Sylvain Delord. Avec la plupart des agriculteurs, ça s’est bien passé mais il y a eu quelques frictions au départ. Le seul souci, c'est une pression énorme sur le foncier agricole en val d’Azun. Il y avait un fermier en place qui a accepté de libérer les terres, mais pas avec un grand sourire."

C'est aussi pour ça que ces Rencontres nationales du retour à la terre existent.

Back to earth

Relier les acteurs français du retour à la terre et repenser l'avenir des territoires dans leur diversité, c'est le but de l'association Back to earth qui organisent les Rencontres nationales qui après Clermont-Ferrand et Angers se sont posées à Lourdes cette semaine. Emmanuelle Coratti, déléguée générale :  "On a parlé de l’installation de néoruraux dans les campagnes avec des chercheurs, étudiants, porteurs de projets, financeurs, structures d’accompagnement, monde agricole. Nous mobilisons un écosystème assez large."

Si les terres agricoles n'attirent plus autant le monde paysan, certaines activités agricoles attirent les néoruraux et la cohabitation est parfois compliquée. "Dans les territoires d'élevage où le foncier est excessivement coûteux, c'est très difficile pour des porteurs de projets qui ne sont pas issus du monde agricole de s'installer en élevage, reconnaît Emmanuelle Coratti. Du coup, ils vont arriver avec de nouvelles activités : du maraîchage, quelqu'un qui produit du thé, des plantes médicinales."

L'association a mené des études sur quatre territoires en France, notamment le val d'Azun. De quoi retenir quelques clés pour réussir l'installation et la cohabitation. "On a remarqué au travers de notre étude que la cohabitation se passe plutôt bien. Il y a quelques cas de conflits mais c’est assez rare. Ça va dépendre de plusieurs facteurs : arriver avec humilité dans les territoires, prendre le temps de rencontrer les gens, comprendre les besoins du territoire, pouvoir s’intégrer dans les associations locales. Tout ça ne se fait pas en un claquement de doigts. Il y a des très belles réussites."

Bien préparer son projet sur un plan économique, bien se former, il existe pas mal de dispositifs pour réussir ces reconversions. Les nouveaux agriculteurs amènent aussi de nouvelles pratiques : agroécologie, permaculture, agroforesterie… On assiste à une forme de renaissance rurale dans un certain nombre de territoires. Une bonne nouvelle alors que 50 % des agriculteurs en activité seront à la retraite d’ici 10 ans.

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