En pleine épidémie de coronavirus, et alors qu'il est interdit de rendre visite aux personnes âgées dans les EHPAD, une habitante des Hautes-Pyrénées a pu se rendre au chevet de sa mère, gravement malade. Témoignage.
"On a cru qu'on ne la reverrait plus." Sa maman de 92 ans est en fin de vie et Thérèse confie qu'elle s'est "effondrée" lorsque les visites dans les établissements pour personnes âgées ont été suspendues.
Raymonde, la mère de cette institutrice à la retraite vivant dans les Hautes-Pyrénées, a été admise il y a deux ans dans un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) près de chez elle, dans la vallée d'Argelès-Gazost.
Atteinte de la maladie d'Alzheimer, elle a contracté récemment une tumeur de Merkel, très agressive et inopérable. Depuis janvier, elle est en fin de vie, dans une unité de soins palliatifs.
"La formidable humanité du personnel"
Le jour, le 11 mars 2020, où a été décrétée l'interdiction de visite dans les établissements pour personnes âgées, "les membres du personnel, dont je tiens à souligner la formidable humanité et l'accompagnement remarquable malgré leur charge de travail, m'ont laissé entendre que je ne pourrai pas revenir. Je me suis effondrée, croyant qu'on ne la reverrait plus", raconte Thérèse.En plein désarroi, j'ai écrit un mail à la directrice de l'Ehpad, qui a transmis le courrier à l'Agence régionale de santé (ARS). Le lendemain soir, on a obtenu l'autorisation de pouvoir lui rendre visite
Une visite par jour et par personne
Il s'agit d'un "protocole très cadré" prévu pour les patients en fin de vie. Dans l'établissement, sur 160 résidents, trois familles sont concernées, détaille Thérèse. La famille a droit "à une visite par jour et par personne de 14h30 à 19h00"."On passe par une entrée de service. On nous prend la température, qui ne doit pas dépasser 37,8 degrés. On se désinfecte les mains, on retire nos manteaux, on met un masque, une charlotte et des chaussons. Il est interdit de prendre avec soi le moindre sac. Si on apporte quelque chose à manger, il est placé dans une boîte spéciale. On signe une feuille à l'entrée et on signera à nouveau à la sortie."
Ne rien toucher
Ensuite, "quelqu'un nous accompagne à la chambre d'où on ne peut pas sortir et dans laquelle on ne peut rien toucher. C'est difficile pendant toute une après-midi mais c'est la consigne", poursuit Thérèse. Aussi stricte soit-elle, cette procédure témoigne d'une "grande humanité". Grâce à elle, "on a commencé à dire au revoir à notre mère. Cela change tout."Mardi dernier, la famille a été appelée en catastrophe en raison d'une dégradation de l'état de Raymonde: "on imaginait le pire." Depuis, la situation s'est stabilisée.
Quand Thérèse l'a vue, sa maman a eu ses mots: "Tu es là, c'est tout ce que je demande".