On l'aperçoit rarement car elle est de nature discrète, mais quand c'est le cas, les images sont magiques. La loutre est furtive et se déplace la nuit. Les images ci-dessous sont donc rares. Elles ont été tournées dans le Parc National des Pyrénées.
Observer, préserver la biodiversité. C'est dans ce cadre que des agents du Parc National des Pyrénées mènent une mission de tous les jours sur le terrain. En plus de leur présence, ils ont comme outil des caméras automatiques pour capter des instants de vie sauvage. La loutre, animal furtif et particulièrement discret est difficile à observer. Sur les images ci-dessous, deux jeunes loutrons remontent le cours d'une rivière enneigée des Hautes-Pyrénées.
Une altitude inhabituelle pour ces mammifères
Depuis son déclin dans les années 50, la population de la loutre regagne petit à petit du terrain. Aujourd'hui, grâce à son classement d'espèce en voie de disparition et aux mesures de protections (parmi lesquelles des interdictions de piégeage) qui ont été mises en place, on la retrouve dans tous les départements du massif des Pyrénées, de la plaine à la montagne et parfois à des altitudes élévées.
On peut dire que ce sont des loutres de l'extrême...
L'analyse des indices laissés sur place a permis de poser une caméra près d'un des lieux de vie des loutrons. Cette zone se situe dans la réserve du Néouvielle dans les Hautes-Pyrénées, sur un territoire qui se situe entre 1800 et 2100 mètres d'altitude.
L'hiver clément et la présence de trous dans le manteau neigeux leur a permis de chasser. Un hiver plus rude les pousserait à redescendre. Car la loutre sait s'adapter. C'est une des raisons de la réussite de sa recolonisation rapide.
Un mammifère joueur opportuniste
Quand elle ne chasse pas, la loutre joue. Sur les images, on la voit fort agile pour se déplacer sur la neige. Elle adore faire des glissades. Mais le reste du temps, elle le consacre à chasser car elle a un grand appétit. Pour se développer, elle a besoin de 500 à 1500 grammes de nourriture par jour, soit 10% de son poids. Celle-ci est essentiellement composée de poissons, batraciens, écrevisses, petits oiseaux... pour son régime exclusivement carnivore.
Plus il y a de poissons, plus il y a de loutres
Les lacs sont un réservoir intéressant pour ces mammifères aquatiques. La quantité de nourriture disponible est un des critères de régulation de la population sur une zone. S'il n'y en a pas assez, les nouveaux sont invités à aller chasser ailleurs. C'est le cas des loutrons qui une fois indépendants quittent leur mère qui les a élevées seules pour investir de nouveaux territoires. Un mâle a besoin de 20 à 50 kilomètres linéaires de rivière. Une femelle entre 5 et 20km.
Un prédateur nécessaire à l'équilibre de l'écosystème
Sa fourrure lustrée a contribué à son malheur. Elle a pendant des dizaines d'années été considérée comme un animal nuisible. Ses détracteurs l'ont aussi accusé de vider les rivières de poissons, jusqu'en 1972 où elle a fait l'objet d'une protection officielle. Car la loutre joue parfaitement son rôle de prédateur nécessaire à l'équilibre des espèces. Elle contribue à la régulation de la faune.
En vallée d'Aure, l'augmentation de la population vient en partie du renforcement de la population du Val d'Aran, en Espagne, dans les années 80-90, puis du sud de la Garonne. Aujourd'hui, elle est remontée dans la vallée d'Aure jusqu'à la haute montagne où adultes et loutrons se reproduisent et grandissent à l'abri des regards.