Un exercice d'alerte tsunami est mené vendredi 13 octobre à Frontignan dans l'Hérault, via le dispositif FR-Alert. Matthieu Péroche, géographe à l'université Paul-Valéry de Montpellier, dissèque le risque de voir déferler un raz-de-marée sur les côtes de l'Occitanie.
Une alerte et probablement moins d'une heure pour évacuer les lieux. Voici le scénario que testera la commune de Frontignan sur le littoral de l'Hérault, ce vendredi 13 octobre, piloté par la préfecture de l'Hérault. L'objectif de cet exercice est de se préparer au risque de tsunami. La population sera avertie via le dispositif FR-Alert, qui permet d'envoyer une notification directement sur les téléphones portables aux personnes présentes sur la zone de danger.
Une zone a été délimitée à proximité immédiate du port de plaisance. Les autorités retiennent le scénario d'un signalement d'un tsunami 100 minutes avant son arrivée sur les côtes. Matthieu Péroche, géographe à l'université Paul-Valéry de Montpellier et Hélène Hébert, coordinatrice du Centre d'alerte aux tsunamis, répond aux questions de France 3 Occitanie sur le risque dans la région.
France 3 Occitanie : À quoi doivent s'attendre les personnes présentes pour l'exercice de vendredi ?
Matthieu Péroche : Avant l'exercice, nous ferons des séances de sensibilisation au risque tsunami auprès d'élèves de Frontignan. Le jour même, les personnes présentes sur place recevront un message les invitant à jouer le jeu, et à respecter les consignes qui sont données. Toute la chaîne de transmission sera également testée : le signalement de l'alerte par le Cenalt (Centre d'Alerte aux Tsunamis), la réaction du Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (Cogic) et de la préfecture.
Hélène Hébert : Le dispositif d'alerte permettra de prévenir toutes les personnes qui sont dans la zone à risque via une notification sur leur smartphone.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes confrontées à une alerte tsunami ?
M.P. : Le premier conseil serait d'être attentif aux signes annonciateurs : retrait anormal de la mer, grondement, ressenti de séisme... Les personnes doivent ensuite s'éloigner à plus de 200 mètres des côtes. Elles peuvent aussi se mettre à l’abri à plus de cinq mètres d'altitude, ou en haut d'un immeuble d'au moins deux étages. Pour les personnes qui seraient déjà en mer, la consigne est de prendre le large le plus rapidement possible, en s'éloignant du bord de mer.
Quels sont les risques d'un tsunami en Occitanie ?
M.P. : Il y a plusieurs failles qui pourraient impacter l'Occitanie, mais la région ne devrait pas être la plus exposée. L'une des failles est au nord de l'Algérie. Pour le secteur, cela pourrait aller jusqu'à submerger les terres les moins élevées par rapport au niveau de la mer. Si cela venait d'Italie, cela pourrait couler de petites embarcations ou casser des amarres, mais ne devrait pas faire d'autres types de dégâts.
L'Unesco a dit qu'il y avait près de 100 % de chance que la Méditerranée soit touchée par un tsunami dans les trente prochaines années. Cette statistique est vraie, mais elle concerne l'ensemble de la Méditerrannée, et donc pas uniquement la France. L'Occitanie ne fait pas partie des régions les plus à risque.
Il y a également souvent une surestimation de la hauteur de l'eau en cas de tsunami en Occitanie de la part des habitants. On s'imagine des vagues de 10 à 15 mètres, mais cela ne dépasserait a priori pas 3 à 5 mètres.
H.H : La Côte d’Azur pourrait effectivement être davantage concernée par un tsunami, d'autant plus qu'elle est également sur une zone sismique. Lors d'un tsunami qui avait eu lieu en Algérie en 2003, il y a cependant eu 30 à 40 cm dans le port de Sète.
Pourquoi ce type d'exercice est-il cependant important ?
M.P. : Cela est important car il s'agit du seul aléa naturel qui nécessite de prévenir les gens en un temps aussi court. Le délai en cas de détection d'un tsunami est d'environ 1h30. Si celui-ci venait du nord de l'Algérie, par exemple, il y aurait environ 1h20. Le temps que l'alerte soit donnée, il faut déjà au moins 15 minutes.
L'exercice se fait cette fois-ci au mois d'octobre, mais les conditions seraient très différentes selon la période, notamment durant la période estivale. Il y aurait beaucoup plus de personnes au bord de l'eau.