Un sexagénaire a été condamné, mercredi, après 26 ans de cavale, à seize années de réclusion criminelle par les assises de l'Hérault, pour l'assassinat en 1985 d'un couple à Montpellier, sur fond de vengeance dans la communauté gitane.
Les jurés ont été au-delà des réquisitions de l'avocat général Jérôme Laurent.
Il avait réclamé quinze ans de prison contre Amédée Amador, dit "Oreille", 66 ans, pour un meurtre, commis en juillet 1985 avec son frère. Les deux hommes avaient abattu, en pleine rue dans le quartier de La Mosson, l'oncle et de la tante de la concubine d'Amédée Amador.
16 ans, un verdict qui ne satisfait ni la partie civile, ni le condamné.
Amédée Amador, condamné en 1992 une première fois par défaut à la perpétuité, avait été finalement interpellé en janvier 2011 à l'issue d'un banal contrôle de police en banlieue lyonnaise où il vivait normalement et sans se cacher, a-t-il expliqué, travaillant pour les offices de HLM de la ville et votant aux élections.
Lors du premier procès, son frère cadet, Raymond Amador, dit Mado, avait été condamné à quinze ans de prison. Libéré en 1996, il vivait depuis à Marseille où il travaillait dans un supermarché, mais en février 2011, il a mystérieusement disparu, tandis que du sang et des douilles ont été retrouvés sur le parking du magasin.
Louis Gomez, 36 ans, le fils du couple tué, qui nie toute implication dans cette disparition, a été mis en examen pour "enlèvement en bande organisée".
Condamné à 20 ans de réclusion pour vol avec violence, M. Gomez s'est forgé en prison un physique tout en muscles, avec a-t-il dit "la haine et la rage". Il a obtenu, en tant que partie civile, le droit d'assister à ce procès sous haute tension.
Dans son réquisitoire, l'avocat général a affirmé, à destination des parties civiles, que la "vengeance n'apporte rien" et que la justice doit passer.
La mort de Joseph et Joséphine Gomez avait été l'épilogue d'une rivalité entre deux familles gitanes sur fond d'adultère.
A l'origine du conflit, Amédée, qui n'avait pas coupé totalement avec son ex-femme, avait été surpris en sa compagnie à Palavas-les-Flots par sa belle famille. Un motif de guerre pour les deux clans et une première bagarre les avait alors opposés. Au cour de cette rixe Amédée Amador avait été blessé d'un coup de marteau sur la tête.