Des centaines de personnes sont attendues aux obsèques de Manitas de plata qui auront lieu samedi après-midi, à Montpellier. Décédé mercredi, le plus grand guitariste de flamenco du monde est veillé par les siens. Dans la cité Gely, l'heure est au recueillement.

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Manitas de Plata, roi de la musique gitane et du flamenco, s'est éteint à 93 ans mercredi dans une maison de retraite de Montpellier, où, après avoir avoir vendu des millions de disques, ce flambeur et artiste de génie a fini ses jours, ruiné.

Le virtuose, qui avait perdu toute autonomie, avait été placé par sa famille en maison de retraite en août dernier. "Mon père est mort de vieillesse, entouré de sa famille", a dit jeudi à l'AFP sa fille Françoise, qui était aussi sa tutrice.
Le guitariste gitan, de son vrai nom Ricardo Baliardo, était né le 7 août 1921 à Sète dans la roulotte familiale. Son père était marchand de chevaux. Mais c'est son oncle qui le poussa vers la musique et lui trouva son pseudonyme: Manitas de Plata, littéralement "petites mains d'argent" en espagnol, mais plutôt "doigt  de fée".

Tout est parti des pèlerinages aux Sainte-Maries-de-la-Mer, le rassemblement des gitans en Camargue au début des années 1960. "C'était un homme de scène exceptionnel. Il avait l'instinct. Pour sa communauté, c'était le numéro 1", a dit son découvreur, le photographe Lucien Clergue, qui finit par le convaincre d'aller jouer à New York, alors que les Américains avaient traversé l'Atlantique pour l'enregistrer.

Son dernier concert remontait à 2010, à l'ouverture de la Feria des vendanges à Nîmes, accompagné d'une trentaine de guitaristes.

Manitas de Plata, volontiers flambeur, qui draguait au volant de sa Rolls, a reconnu 13 enfants et faisait vivre toute sa famille (femmes, enfants, oncles, neveux), soit quelque 80 personnes. Il a laissé 80 disques enregistrés et 93 millions d'albums vendus dans le monde.

Lui qui fut l'ami de Picasso, Dali ou Cocteau ou Bardot, a fini sa vie dans un minuscule studio à La Grande-Motte (Hérault) face à la mer, entouré de ses souvenirs. "Il avait ses habitudes sur les terrasses du Front de Mer, mais on le voyait s'affaiblir", a raconté le maire UMP de la ville, Stéphan Rossignol.

"J'ai joué avec le coeur et j'ai toujours vécu au jour le jour", avait confié à l'AFP Manitas, lors de son 90e anniversaire, en tirant sur sa cigarette. Le musicien avouait n'avoir jamais économisé et continuait à payer un redressement fiscal. Il assurait pourtant n'avoir pas de regret. Ou juste un seul: "Après moi, il n'y a personne en France. Je suis inquiet pour la musique gitane."


Le récit de Caroline Agullo


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