Le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret, s'inquiète du manque de moyens de la justice et de sa juridiction en particulier. Il l'a dit lors la cérémonie solennelle de rentrée du tribunal de grande instance.
"Bien sûr, en France, nous avons des idées, mais quand même!" C'est par cette petite phrase sibylline mais lourde de sens que le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret a dénoncé la situation catastrophique dans laquelle se trouve la justice en France et en particulier la juridiction montpelliéraine.
Le magistrat très remonté a rappelé que "le cri d'alerte lancé l'an passé n'avait rien fait bouger".
Lors de la Conférence nationale des procureurs il y a un an il était déjà "question d'inquiétude pour la justice, d'asphyxie programmée des parquets, de situations inacceptables".
Un smartphone pour améliorer l'ordinaire
"J'ai le regret, sans amertume mais avec tellement de regrets, de devoir constater que peu a changé en une année. Notre édifice procédural n'est pas stabilisé, au contraire. La réforme du statut du parquet, pièce essentielle de notre système judiciaire et de notre démocratie, n'est toujours pas en vue et la concrétisation du plan d'action pour le parquet s'est pour l'instant réduit à la livraison d'un smartphone et à une revalorisation des permanences de nuit et de fin de semaine et nos moyens n'évoluent guère dans le bon sens (...) Quant à nos retards de paiement pour les frais de justice, ils vont atteindre un délai insoutenable", a-t-il insisté dans son allocution de rentrée.
La France consacre 55 euros par an et par habitant à ses tribunaux
Le magistrat très critique sur la situation de cette institution essentielle pour la république s'est dit profondément choqué, "presque honteux" de "psalmodier" des critiques qui ne sont "pas celles d'enfants gâtés de la République (...)Cela ne répond pas aux attentes et n'est pas bon pour notre démocratie",
La France "consacre 55 euros par habitant à ses tribunaux hors aide juridictionnelle, quand l'Italie y consacre 76 euros, la Belgique et la Suède 82, les Pays-Bas 97 et l'Allemagne 110 euros", le procureur a ironisé: "Bien sûr, en France, nous avons des idées, mais quand même!".
Depuis de nombreuses années, le parquet de Montpellier doté de 14 magistrats réclame au moins quatre procureurs supplémentaires.
Christophe Barret estime que "Pour des raisons historiques, le parquet de Montpellier est sous-dimensionné". Ce qui a ses yeux est totalement illogique "puisqu'il a un volume d'affaires supérieur à beaucoup d'autres juridictions comme Strasbourg, Aix-en-Provence ou encore Rennes".
En mai dernier, le procureur général Bernard Legras avait lui aussi lancé un cri d'alarme sur sa situation budgétaire en raison d'un encours de dettes de 6,6 millions d'euros. Il avait annoncé avoir décidé de ne plus rémunérer certains intervenants.
Depuis plusieurs experts, victimes de retards de paiement, ont intenté des actions en justice.