Le patron de la PJ de Montpellier, Gilles Soulié, a justifié, lundi, un récent courrier électronique de ses services aux professionnels du tourisme héraultais par la nécessité de lutter contre la délinquance organisée, notamment les réseaux de cambrioleurs et de prostitués d'Europe de l'Est.
Exercice difficile, ce lundi après midi, pour le directeur du SRPJ du Languedoc-Roussillon et le président de l'union des métiers de l'hôtellerie.
Le patron de la police judiciaire est solidaire de son service. Il ne reconnaît qu'à demi-mot, la maladresse du mail demandant de signaler la présence de clients d'Europe de l'Est aux hôteliers. Lui avoue un malentendu.
Pour le SRPJ, il ne s'agit donc pas de stigmatiser une population particulière, mais de trouver de nouveaux moyens pour lutter contre une criminalité organisée (délinquance, vol et proxénétisme) de plus en plus importante.
Reste à savoir si la conférence de presse du jour suffira pour faire retomber le malaise chez les hôteliers et chez les défenseurs des Droits de l'homme ?
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Reportage F3 LR : E.Jubineau et C.Métairon
Un mail adressé aux restaurateurs, hôteliers et gérants de campings de l'Hérault
Le message de la PJ a suscité la critique des professionnels. A destination des hôtels, restaurants, campings du département de l'Hérault, il demandait aux patrons de signaler l'arrivée dans leurs établissements d'individus originaires d'Europe de l'Est, en groupe ou en famille, les incitant à relever si possible l'immatriculation des véhicules.
Au cours d'une conférence de presse commune avec Jacques Mestre, président de l'Union des métiers de l'industrie hôtelière de Languedoc-Roussillon (Umih-LR), Gilles Soulié a comparé sa demande au système des "voisins vigilants", un dispositif consistant à signaler aux forces de l'ordre les événements suspects.
"Nous voulons être informés des gens susceptibles de...", a-t-il fait valoir, soulignant que "l'important est d'arrêter les réseaux".
"On a constaté une certaine augmentation dans le proxénétisme, le piratage de distributeurs et les cambriolages. On a beaucoup de prostitués d'origine roumaine ou bulgare qui viennent travailler quelques jours et qui repartent. On a de nombreux cas de piratages de distributeurs de billets. Et on a des équipes de cambrioleurs membres de réseaux criminels organisés", a expliqué M. Soulié.
"Ce sont bien souvent des gens qui n'ont pas d'attaches locales, qui n'ont pas, comme on dit dans le jargon, de +tombées locales+. Ils viennent passer quelques jours dans le secteur. Et bien évidemment ils occupent des chambres d'hôtel", a ajouté le patron de la PJ pour lequel un signalement n'est pas, contrairement à la crainte de l'Umih-LR, synonyme d'intervention et/ou de garde à vue mais de vérifications voire d'investigations.
"On va essayer de recouper d'abord avec Sirasco (Service d'Information de Renseignement et d'Analyse Stratégique sur la Criminalité Organisée). Ensuite, si nécessaire nous poursuivrons nos investigations", a affirmé M. Soulié.
Après avoir contesté la forme de ce mail qui "laissait à ses yeux la porte ouverte à la délation", ainsi que le manque de concertation, M. Mestre s'est dit satisfait des explications de la PJ et a fait part de sa volonté de continuer à travailler avec la police. "Nous sommes des hôteliers restaurateurs un peu plus sensibilisés", a-t-il lancé.
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Dans un courriel envoyé aux professionnels du tourisme en Languedoc-Roussillon, la police incite à signaler les clients en provenance d'Europe de l'Est. La profession s'indigne, les policiers réfutent toute idée de discrimination et prônent la prévention.