Depuis le 5 mars, Bernadette Colin, 66 ans, comparaît devant les Assises de l'Hérault pour le meurtre de sa mère, atteinte d'Alzheimer. Des faits qui remontent à 2009 et qui restent douloureux pour une famille encore marquée par la maladie de la victime. Le verdict est attendu ce lundi 9 mars.
Pour avoir tenté de mettre fin aux jours de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer à un stade avancé, Bernadette Colin encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu ce lundi dans ce procès au coeur duquel réside l'extrême dépendance des malades frappés par cette dégénérescence.
Un long calvaire
Le 25 avril 2009, à Montpellier, cette ancienne professeure agrégée avait voulu "couper le fil du malheur". Elle avait blessé sa mère en essayant de l'empoisonner, puis de l'étrangler et de l'étouffer avec un oreiller, pour finalement lui porter 11 coups de couteaux superficiels.
Des tentatives qui avaient toutes échoué. Quelques jours plus tard, la victime, Raymonde Colin avait finalement bénéficié d'une place en maison de retraite, avant de décéder d'un cancer. Retour sur les faits avec nos journalistes sur place, à l'audience : Emilien Jubineau et Bruno Pansiot-Villon.
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Une victime très dépendante
Vendredi, au second jour d'audience devant les Assises de l'Hérault, les deux soeurs de l'accusée ont témoigné de leur isolement face à la pathologie de leur mère, alors âgée de 87 ans, parvenue au stade 4 (sur 7) de la maladie d'Alzheimer.
Elle ne reconnaissait plus ses filles et était devenue extrêmement dépendante. Les explications de nos journalistes au palais de justice de Montpellier, Jean-Michel Escafre et Franck Detranchant.
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Une famille meurtrie par la maladie
Ainsi, la benjamine des 3 soeurs Colin, Guylaine, a expliqué à la Cour : "Ma mère répétait, lancinante, Mais tu es qui ? Tu es ma fille ou ma mère ? Quand je lui rendais visite, elle exigeait qu'on dorme ensemble. Alors, elle se blottissait contre moi comme un petit enfant en me disant [qu'elle avait] peur". Malgré ce, la question du maintien à domicile de Raymonde Colin divisait la famille. Pour les aider à trancher, elles avaient rencontré un neurologue de Montpellier.
La douloureuse question de la prise en charge
Selon Guylaine Colin, "Il a dit qu'il n'était pas question de la placer avant 2 ou 3 ans, que de toute façon il y avait une liste d'attente très longue pour entrer en maison de retraite". Les soeurs avaient également sollicité l'avis du médecin de famille. "Elle nous a dit : si vous la mettez en maison de retraite, elle sera pliée en trois jours. Cela nous a énormément culpabilisées".
A bout de souffle et de chagrin
Mais à la barre, le médecin en question a démenti de tels propos, arguant : "Ce n'est pas à nous, médecins, de dire ce qu'il faut faire". L'aînée des 3 soeurs, Marguerite, 64 ans, dit avoir le plus souffert. "J'étais devenue la mère de ma mère. Je m'en occupais quotidiennement puisque mes deux soeurs vivaient à Paris", a-t-elle déclaré, ajoutant : "Je n'avais de répit que lorsqu'elle était couchée. C'était terrible, je ne dormais plus, je perdais du poids, j'étais dépressive".
La justice, chemin vers le pardon ?
Alors, Marguerite Colin déchargeait son fardeau auprès de sa soeur Bernadette, qu'elle appelait chaque matin à 7 Heures 30,en pleurant : "Je lui disais : qu'est-ce qu'on va faire avec maman ? Je comprends aujourd'hui qu'elle a eu peur pour moi. Elle culpabilisait de me voir souffrir. Elle-même était sous antidépresseurs". Bien que parties civiles, les deux soeurs de Bernadette Colin ont affirmé être "sur le chemin du pardon", estimant que "le drame n'aurait pas eu lieu si [leur] maman avait été placée".