La région demande un moratoire sur le projet de seconde gare TGV à Montpellier

Considéré comme une "aberration" par ses opposants, le projet de seconde gare TGV à Montpellier reste un sujet de discorde au sein de la nouvelle majorité régionale, PS et écolo, qui a annoncé un "moratoire" avant des "états généraux du rail".


Le projet est vivement contesté notamment par des associations de défense de l'environnement et un collectif spécialement créé. Tous dénoncent "une aberration environnementale", mettant notamment en avant le fait que la future gare serait située en zone inondable.

Le préfet du Languedoc-Roussillon a signé les dernières autorisations en octobre 2015

Début octobre, le préfet de l'Hérault a signé le permis de construire de la future gare, dernière étape des autorisations administratives nécessaires au démarrage des travaux en vue d'une mise en service fin 2017, en même temps que le contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier.

Avant de quitter son poste début janvier, le préfet Pierre de Bousquet a rappelé son soutien inconditionnel au projet, parlant d'une gare "indispensable" et assurant qu'elle ne serait "pas inondable".

La gare TGV Montpellier Sud de France, un enjeu politique des élections régionales


Au cours de la campagne des élections régionales, les associations hostiles au projet avaient reçu le soutien de la tête de liste Nouveau Monde Gérard Onesta (EELV), photographié sur les lieux avec une banderole "Personne ne pourra dire +je ne savais pas+" et qui n'a cessé de fustiger ce projet.

Au second tour, M. Onesta a fusionné ses listes avec la socialiste Carole Delga, qui est favorable à la gare et a été élue présidente de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.

Un "moratoire" sur ce projet qui fâche a donc été annoncé par Carole Delga, avant des "états généraux du rail" prévus au premier semestre 2016.

Ce dont se félicite Michel Julier, l'un des animateurs du collectif opposé au projet de gare de la Mogère, une zone située au sud de Montpellier. Il espère ainsi que "tout pourra être remis à plat dans l'intérêt des usagers et dans le respect de l'environnement" afin de mettre un terme à "l'incohérence et la gabegie de dépenses publiques que constitue cette gare". Et d'éviter "un bétonnage qui ne ferait qu'aggraver les inondations dans ce secteur".

Une gare TGV fantôme pendant 3 ans ?

Pas moins de 6 recours ont été déposés devant le tribunal administratif de Montpellier, le dernier émanant de René Revol, vice-président (Front de gauche) de la Métropole Montpellier Méditerranée, qui figurait sur la liste Onesta.

En tant qu'élu, il m'a semblé de mon devoir d'attaquer le partenariat public-privé chargé de ce projet et qui inclut notamment un fonds d'investissement luxembourgeois hébergé dans un paradis fiscal",  explique-t-il à l'AFP. "Si cette gare n'est pas rentable, ce sont les contribuables et les usagers qui vont payer pour une société privée qui ne paie pas d'impôts en France", résume-t-il.


M. Revol dénonce une "conception archaïque de l'aménagement du territoire, qui, avec ces gares excentrées, incite les usagers à prendre leur voiture pour aller prendre le train". "Nous espérons pouvoir renverser cette logique lors des états généraux", dit-il, conscient que cela "reste un sujet de discorde potentielle entre les socialistes d'un côté et les élus écologistes et Front de gauche de l'autre".

Un investissement de 135 millions d'euros

La région est loin d'être seule partie prenante dans ce dossier et les observateurs estiment que la gare se fera malgré les oppositions.
Les financements de la nouvelle gare prévoit une enveloppe globale de 135 millions d'euros, dont 45 pour l'Etat, 45 pour SNCF Réseau, 32 pour la région, 12 pour la Métropole de Montpellier, et un million pour Nîmes Métropole.

Pour le président de Montpellier Méditerranée Métropole Philippe Saurel, "cette gare n'est valable que si elle travaille en corrélation avec celle de Nîmes-Manduel", explique-t-il à l'AFP. "Or la future gare de Manduel ne devrait être livrée qu'en 2020 alors que celle de Montpellier est prévue pour 2017, c'est selon moi une incohérence majeure". Avec le risque que la Mogère ne soit qu'une "gare fantôme" pendant au moins trois ans.
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