Dans un mail, le SRPJ de Montpellier demande aux professionnels de la restauration et de l'hôtellerie du Languedoc-Roussillon de "signaler l'arrivée d'individus originaires d'Europe de l'Est, en groupe ou en famille". Les policiers se défendent de toute discrimination. Mais la profession s'insurge.
C'est un courriel envoyé par le Service Régional de Police Judiciaire de Montpellier à tous les responsables d'hôtels, de résidences hôtelières et de campings du Languedoc-Roussillon et du Vaucluse.
Intitulé "anticiper les faits de délinquance organisée", le texte incite les professionnels du tourisme à ouvrir l'oeil à l'approche de la saison. En clair : la police leur demande de signaler tout comportement suspect.
Une dernière phrase qui suscite des interrogations
Jusque-là, rien d'anormal. Mais la dernière phrase du texte, dont nous nous sommes procurés l'intégralité, inquiète l'UMIH (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie), principal syndicat patronal du secteur. Car le SRPJ de Montpellier leur demande de
C'est ce qu'ont révélé ce samedi matin nos confrères de France Inter et de France Bleu Hérault, et que nous a confirmé le président régional de l'UMIH, Jacques Mestre."signaler l'arrivée dans [vos] établissements d'individus originaires d'Europe de l'Est, en groupe ou en famille"
Le président régional de l'UMIH parle de délit de faciès
Interrogé par notre équipe composée de Caroline Agullo et Enrique Garibaldi, Jacques Mestre nous a précisé: "Imaginez des clients qui payent une grosse addition en liquide. Est-ce que je dois les trouver douteux pour autant? Idem pour une dame habillée de façon un peu provocante. Il y en a, ça arrive, mais de là à la signaler comme prostituée... Si je la vois racoler, c'est différent. Autrement, c'est du délit de faciès".
"Et si je me suis trompé et que ces gens se retrouvent en garde à vue sans avoir rien à se reprocher ? On ne peut pas se permettre de discriminer. Et puis, ça peut se retourner contre nous. Je ne prends pas le risque".
Le président régional de l'UMIH reconnaît toutefois que "ça va dans le sens de la prévention, mais la note est mal faite. On n'est pas des délateurs".
De "note", il n'en est pas question, selon Bruno Bartocetti, du syndicat SGP/Unité Police. Selon lui, "c'est une proposition, une demande d'information sur des réseaux qui se mettent en place, de façon très courte, 10 à 15 jours, dans les campings et les hôtels".
Pas de discrimination selon le syndicat SGP/Unité Police
Bruno Bartocetti ajoute : "aux professionnels de nous aider pour qu'on puisse travailler".
"Ce n'est pas du délit de faciès, on leur demande d'être responsables. Sont-ils prêts à accepter qu'un réseau de prostitution se mette en place chez eux ?"
Bruno Bartocetti précise : "la délinquance en provenance des pays de l'Est est aujourd'hui bien structurée, il faut être vigilants, ne pas être naïfs. Mais on a aussi le devoir de faire la part des choses : il ne s'agit pas de stigmatiser mais de cibler. On n'est pas dans la délation, on sait faire le tri".
Mais le résultat est là: un texte, deux interprétations et une polémique naissante, détaillée dans le reportage ci-dessous.
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