Le problème des prédateurs n’est pas nouveau dans cette vallée de Clamouse, dans l’Hérault, qui compte quatre villages et autant d’élevages de brebis. Au moins deux loups ont été identifiés. Ils rôdent depuis plus d’un an sur le territoire et s’attaquent au bétail.
La Vallée de Clamouse retrouve des couleurs depuis une dizaine d’années. Mais Philippe Clergues, maire de Cabrespine, s’inquiète pour l’avenir de ces terres. « On s’est battus pendant longtemps pour avoir des éleveurs sur le territoire, pour se réapproprier le paysage, pour récupérer les friches, on a tout mis en œuvre pour limiter les incendies et ramener de la vie , Mais les loups mettent en péril ce travail de longue haleine . »
Au moins deux loups ont été identifiés par des caméras de vidéosurveillance.
« Je crains que les éleveurs ne se découragent face au risque que cette menace représente » confie Philippe Clergues.
Et pour cause, un des quatre éleveurs de la Vallée de Clamouse a tout abandonné l’année dernière, après avoir constaté plusieurs attaques de loup dans son troupeau. Arrivé en janvier 2013 à Castan, Adrien Lapeyre s’est résigné à changer de métier.
« Le loup est une espèce protégée, donc il n’y a pas grand-chose à faire, on est obligés de s’adapter, on ne sait plus vraiment comment agir » ajoute le maire.
Une menace permanente
Yannick Moreno élève quant à lui, plus de 700 brebis dans le lieu-dit Le Prat-Vieil
« Nous sommes en ce moment en pleine période d’agnelage. Pour mettre bas, les brebis doivent être un maximum à l’extérieur ; elles sont placées bien -entendu dans un parc clôturé mais le risque est toujours présent ».
En quelques semaines, l'éleveur a perdu sept brebis, dix autres sont abimées, ainsi qu’une chèvre et ses deux chiens de garde. « Le loup s’en prend même aux chiens, je n’ai plus aucune protection. Je suis en état d’angoisse en permanence, il faut être sur le qui-vive les journées débutent à 6h du matin, se terminent à 22h, ce n’est plus tenable ».
J'ai investi près de 18 000 euros en un an pour sécuriser mon troupeau, mais rien n'y fait...
Yannick Moreno, éleveur
Pourtant, la nuit, les brebis sont placées dans un enclos fermé, sécurisé, et cerclé par des clôtures d’un mètre vingt. Pas suffisant. Chaque matin, Yannick s’attend au pire. Il comprend le choix de son collègue, qui a baissé les bras l’année dernière. « Pour l’instant j’ai le moral, mais je commence à me poser des questions, j’ai investi près de 18000 euros en un an pour sécuriser mon troupeau, mais rien n’y fait… »
Les éleveurs interpellent la préfecture de l'Hérault
Il y a un an, à cette même période, une réunion se tenait pour trouver des solutions au problème des prédateurs. Autour de ta table, les représentants préfectoraux, les élus locaux, les éleveurs, et des membres de l’OBD (Office de la Biodiversité). La Vallée a été classée sur le troisième -et dernier- échelon de zone à risques.
« Le problème, c’est qu’un loup parcourt jusqu’à 50Km par jour. Donc même en prenant toutes les précautions qui s’imposent, il est très difficile à localiser, c’est un danger permanent »
Pour renforcer les mesures de sécurité déjà en place, la préfecture de l’Hérault s’est engagée à débloquer des fonds afin d’aider les éleveurs à s’équiper avec du matériel coûteux, comme par exemple des électrificateurs de clôtures.
Mais jusqu’ici, l’argent promis n’a pas été versé. Yannick Moreno se réserve le droit d’engager des poursuites judiciaires dans les prochains mois