A Clapiers, dans l'Hérault, les habitants peuvent proposer des projets qui sont ensuite soumis au vote et financés par une petite partie du budget municipal. Un exemple de démocratie directe et locale en place depuis 2017. Idée reprise dans le grand débat national. Mais les votants sont peu nombreux
Clapiers, 5400 habitants, est un village tranquille, plutôt privilégié, à seulement 9,5 km du centre de Montpellier.
Ici les habitants disposent depuis 2017 d'un budget participatif. Il s'agit de proposer des projets qui sont ensuite soumis au vote de la population et financés avec une partie du budget municipal.
Ce type de démocratie directe et locale permet de redonner la parole et le pouvoir aux citoyens.
Une demande récurrente de la mobilisation des gilets jaunes et du grand débat national qui en découle.
Des bancs le long des sentiers de promenade prisés par les Clapiérois, une idée de Françoise Kan, ou encore l'insonorisation et le chauffage de la salle de projection du cinéma, idée de Béatrice Malige, ont été parmi les premières réalisations proposées puis élues par les habitants.
Un pouvoir du citoyen qui s'incarne dans des réalisations concrètes et rapidement visibles : l'idée a séduit, dans sa partie propositions en tous cas. Plusieurs dizaines de projets ont été déposés.
Mais le nombre de votants reste faible : autour de 8%, à peine mieux que dans les autres communes qui utilisent ce budget participatif.
Et paradoxal, pour une commune qui bat pourtant des records d'implication à chaque élection, jusqu'à obtenir la Marianne d'or de la participation à la présidentielle de 2012.
C'est une très bonne idée, ça permet aux habitants de s'intéresser à leur commune. Françoise Kan
Pour d'autres habitants interrogés, si le budget participatif mobilise aussi peu, c'est que les réalisations ne changent pas vraiment la vie quotidienne des gens.Est-ce que j'ai envie de m'intéresser à ce quefont les autres? dans la plupart des cas, la réponse est non! mais moi quand on me donne la parole, je la prends. Béatrice Malige
C'est là l'écueil du budget participatif : il ne doit pas générer de dépenses de fonctionnement, ni dépasser les compétences municipales.
En 2017, l'enveloppe du budget participatif était de 5 % des 1,3 million d’euros d’investissement de la commune.
14 projets avaient été retenus et proposés au vote des habitants par les services communaux et la commission extra-municipale démocratie de proximité, avec des critères précis : intérêt général, compétence communale et frais minimums de fonctionnement induits.
Pour l'élue d'opposition Marie-Noëlle Sibieude, les citoyens doivent être consultés, sur des projets plus structurants. C'est ce qu'elle souhaite proposer dans son programme pour les municipales de 2020.
J'organiserai , pour chaque décision importante, une réunion publique et une consultation citoyenne.
Tous les habitants et élus rencontrés s'accordent cependant à dire que ce vote est un bon début.
Prochain défi : trouver comment inclure dans la vie communale les quelques 1000 nouveaux habitants annoncés d'ici 10 ans.
Le reportage de Valérie Luxey et Franck Detranchant :
Pour l'instant, seules 80 communes en France ont mis en place un budget participatif.