Covid-19 : l'épidémiologiste Mircea Sofonea regrette que l'Etat " se désengage de la recherche"

L'épidémiologiste montpelliérain Mircea Sofonea lance un cri d'alarme. Très sollicité pendant l'épidémie de Covid-19, il affirme se voir désormais refuser la plupart de ses demandes de financement. Il regrette que l’Etat se désengager de la recherche épidémiologique.

Mircea Sofonea, l’épidémiologiste montpelliérain et chercheur en évolution des maladies infectieuses, très sollicité pendant la pandémie Covid, s'insurge. Les financements reçus de la Région en début de pandémie ont permis le recrutement d’un ingénieur, et le développement de quatre logiciels utilisés par les CHU, par l'ARS et le gouvernement. Mais depuis, toutes  la plupart de ses demandes de financement ont essuyé des refus. Il  regrete que l’Etat se "désengage de la recherche épidémiologique ". 

Pourquoi dites-vous que l'Etat se désengage de la recherche ? 

Depuis avril 2021, les financements des recherches dédiées au Covid sont mis à l'arrêt suite à une décision de l'Agence Nationale de la Santé. Sur l'épidémiologie, il n'y a plus de crédits officiels. Nous devons répondre à des appels d'offres. Sans succès jusqu'à maintenant. Certains de mes projets on été refusés. Et nous avons tout juste eu de quoi prolonger d'un an le CDD d'un ingénieur. Or le virus continue de circuler et il faut continuer à financer la recherche. 

Le virus continue de circuler et il faut continuer à financer la recherche. 

Mircea Sofonea , épidémiologiste

Comme je le disais à France Info,  jusqu'à encore récemment, nous publions régulièrement des modélisations à partir des données hospitalières afin d'anticiper la date et la hauteur des pics épidémiques de Sars-CoV-2 en France. Mais ce travail n'a pas été effectué pour cette septième vague. Faute de moyens. 

Ce pourrait être une bonne nouvelle... à la sortie de l'urgence, les fonds baissent ? 

Malheureusement, non. Le virus continue de circuler et fait des décès. Même sortis de la période aiguë, si on veut connaitre la souche d'un virus, il faut que l'on puisse continuer à l'étudier. Avec l'hiver, les risques augmentent. ll faut des stratégies à long terme. Nous ne sommes pas à l'abri d'être à genoux à cause d'un virus apparu à l'autre bout du monde, comme c'est le cas avec la variole du singe ou les pneumonies en Argentine. Il faut que l'on ait les moyens de travailler et d'être réactifs.  

Quelles sont les raisons de ce désengagement financier selon vous ? 

Il y a une partie de l'Etat qui ne fait pas confiance à ses chercheurs. Dans certaines situations, nous aurions pu remplir notre mission et finalement, les financements sont allés à des cabinets privés de conseils en stratégies. 

La Cour des comptes a épinglé la France en juillet 2021 car le budget français consacré à la recherche est trois fois moins élevé que celui de l'Allemagne par exemple, qu'en pensez-vous ? 

L'Allemagne et l'Angleterre sont des références en la matière. La recherche en Angleterre est très bien financée. Ils sont leaders en épidémiologie, avec des estimations de terrains. Dans nos conditions de manque de moyens, nous ne pourrons pas détecter la prochaine souche, l'Angleterre , oui. Nous sommes moins bien armés. 

D'un point de vue de Santé Publique, si on veut être efficace et réactif, l'investissement de l'Etat doit être important et immédiat. 

Mircea Sofonea, épidémiologiste

Quel message souhaitez vous faire passer au gouvernement ? 

Je suis plutôt satisfait que l'on parle moins du Covid, c'était anxiogène pour tout le monde. Mais d'un point de vue de Santé Publique, si on veut être efficace et réactif, l'investissement de l'Etat doit être important et immédiat. 

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