A Montpellier, Predict démontre qu'il existerait une corrélation entre météo et diffusion du virus. Pour la filiale de Météo-France, des conditions particulières de température et d'humidité favoriseraient la contamination. Prédict en déduit un outil pour aider à la gestion de la crise.
La société montpelliéraine Predict annonce qu'il existe une corrélation entre la météo et la diffusion du virus et qu'elle l'a démontrée. Selon la filiale privée de Météo-France qui planche sur le sujet depuis l'apparition de la covid, des conditions particulières de température et d'humidité favoriseraient les contaminations. Du coup, Predict a créé un outil permettant, s'il rencontre l'approbation du monde scientifique, de mieux gérer la crise sanitaire en prenant en compte les paramètres météo. Le Ministre de la Santé a commandé une vérification scientifique de cet index.
La météo qui favorise les gouttelettes tenaces
Un soleil rasant, des températures qui ne dépassent pas 5 degrés et un phénomène d'évaporation visible à l'oeil nu... Le spectacle hivernal est peut-être porteur d'une mauvaise nouvelle cette année.
Car ces conditions de températures et d'humidité, qui favorisent le maintien de goutelettes dans l'atmosphère, joueraient un rôle dans la propagation du virus. La filiale de Météo France étudie à Montpellier le phénomène depuis l'apparition du coronavirus. Et elle vient de mettre au point un index qui caractérise le potentiel de transmission du virus en fonction de la météo.
"Quand il fait extrêmement froid, ces gouttelettes ne peuvent pas rester en suspension et tombent au sol "explique Alex Roumagnac, de Predict Services. Et quand il fait très chaud, d'après le scientifique montpelliérain, c'est la même chose. Le risque de gouttelettes en suspension est moindre : s'il fait sec, elles s'évaporent et s'il fait humide elles tombent au sol.
Les conditions aggravantes se situent dans un créneau très centré : Quand il fait entre -2° et 12°, avec un taux d'humidité entre 60 et 90%.
Dans ce cas-là, les gouttelettes sont d'avantage maintenues en suspention et donc favorisent potentiellement la transmission du virus.
Une étude internationale de la corrélation météo/virus
Sur les écrans, les zones vertes sont celles où l'index météo est le plus faible. Celles en violet indiquent là où il est le plus fort. En superposant cette information avec le nombre d'hospitalisations et de décès mensuels, les cartes se confondent dans bien des cas. C'est de tous ces calculs que Predict a pu conclure à une corrélation entre la météo et la propagation du virus, avec des variantes dépendant, bien sur, d'autres facteurs comme le respect, ou non, des gestes barrières.
L'explication de la deuxième vague en France
La remontée du virus en Occitanie en fin d'été est certainement davantage due à sa propagation par les vacanciers. Mais au mois d'octobre dernier, la tempête Alex a provoqué cette conjonction température/humidité favorable aux gouttelettes en suspension sur le massif central et les Alpes. Et c'est dans ces régions que l'épidémie a d'abord rebondi.
Cet outil est pris très au sérieux. Le Ministre de la Santé a commandé une contre-expertise scientifique. L'étude doit être validée et pour ce faire, Predict a débuté une collaboration avec l'Institut Pasteur et d'autres organismes.
Si ces éléments sont confirmés comme intéressants et potentiellement utiles, on pourra les mettre à disposition pour le pilotage de la crise pour les semaines et les mois à venir.
La météo, un des facteurs potentiellement aggravants de la propagation
La filiale de Météo-France a inventé un outil supplémentaire pour affiner la stratégie sanitaire. Mais qui ne dispensera pas des mesures barrières.
Pour preuve, l'exemple, ou plutôt le contre-exemple du Brésil. Dans ce pays chaud, l'index créé par Prédict est au plus bas. Pourtant le pays est le plus touché au monde. Parce que le gouvernement de Bolsonaro a toujours nié la dangerosité du virus et la nécessité de se protéger. Ce qui nous rappelle que les attitudes humaines restent déterminantes dans la propagation de l'épidémie.
Le reportage de Sébastien Banus et Cédric Métairon, qui ont rencontré l'équipe de Predict basée à Montpellier.