Ces derniers jours du mois d'août, les Héraultais s'étonnent de l'abondance des cigognes dans la région, qui se déplacent parfois par nuée de plusieurs centaines d'individus. Leur concentration dépend des conditions météo pendant la migration, explique la LPO.
Ce 25 août en fin de journée, Sophie a été témoin d'un "spectacle émouvant". Cette habitante de Nézignan-l'Évêque (Hérault) s'est émerveillée de voir près de 300 cigognes posées sur les cimes de son village.
"Elles étaient partout : sur les maisons, l'église, les arbres. Je n'en avais jamais vu autant regroupées à un même endroit, jubile cette retraitée nézignanaise. Elles sont restées la nuit. J'ai trouvé un groupe de six ou sept cigognes près de ma fenêtre au réveil. C'étaient les dernières à repartir, peu avant 11 heures." Des concentrations importantes de ces oiseaux migrateurs ont aussi pu être rapportées dans l'agglomération de Montpellier.
"Il s'agit d'un phénomène tout à fait normal pour cette fin d'été. Nous observons d'importants passages d'oiseaux migrateurs sur tout l'arc méditerranéen au printemps pour la période pré-nuptiale et d'août à octobre pour la période post-nuptiale, rassure Bruno Veillet, directeur territorial de l'Aude pour la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) d'Occitanie. Les populations de cigognes migrent vers l'Afrique du nord ou l'Espagne entre août et septembre, avec des pauses migratoires plus ou moins longues."
2000 oiseaux en une journée
Les conditions météo influencent énormément l'itinéraire de vol des cigognes. "La puissance et le sens du vent sont extrêmement importants dans la migration des oiseaux : il déterminent leur durée de stationnement, leur hauteur de vol - elles sont alors moins bien observables, ajoute Bruno Veillet. À Gruissan par exemple, nous réalisons nos observations lorsque souffle un vent de Nord-ouest, car il crée un couloir migratoire au-dessus de notre station." Le 24 août, il a dénombré le passage de 2 000 oiseaux en une journée.
Ces derniers jours, les conditions étaient réunies pour observer ces passages très importants, qui peuvent aller de quelques individus à près d'un millier, avec de longues pauses. Les cigognes étaient une espèce menacée mais qui se portent mieux, les gens n'ont plus forcément l'habitude d'en voir autant à la fois.
Bruno VeilletDirecteur pour l'Aude de la LPO Occitanie
Jusqu'à peu, le Languedoc n'était en effet plus une terre de cigognes. La campagne de réintroduction de ces oiseaux il y a une cinquantaine d'années, en France et notamment en Alsace, a fait émerger des individus sédentaires, dont l'élevage en volière a rompu l'instinct migratoire.
"Une partie s'est sédentarisée ici et ne migre plus, une partie migre en Espagne car le climat y est favorable, et enfin une grande partie se rend en Afrique du Nord, résume Bruno Veillet, avant de confier : "les oiseaux limitant au maximum les traversées au dessus de la mer, le détroit de Gibraltar est un hot spot de l'observation des cigognes, on peut en observer des milliers et des milliers en période de migration."