Depuis dix ans, les étudiants du Centre spatial universitaire de Montpellier conçoivent Robusta 3A, un nanosatellite qui sera mis sur orbite lors du lancement inaugural d'Ariane 6, cet été. Ce satellite servira à améliorer la prévention des épisodes cévenols en Méditerranée.
Il ne pèse qu'un peu plus de 3 kilogrammes, mais représente des dizaines de milliers d'heures de travail. Le nanosatellite Robusta 3A, conçu depuis dix ans par 300 étudiants du Centre spatial universitaire de Montpellier (CSUM), est maintenant prêt pour participer au lancement inaugural d'Ariane 6.
À cette occasion, ce nanosatellite universitaire sera placé en orbite autour de la Terre, où il servira de relais pour des données météo. Son rôle : participer à de meilleures anticipation et prévention des épisodes cévenols par Météo France, sur tout le pourtour méditerranéen.
Transmettre des données collectées par des bateaux
"Météo France arrive à prévoir ces épisodes cévenols à partir de mesures de la vapeur d’eau, qui vient s’accumuler dans l'atmosphère, explique Laurent Dusseau, le directeur du CSUM. Tout le sud de la France est instrumenté, mais le problème, c'est que cette vapeur d'eau se forme en Méditerranée, là où il n'y a aucun capteur."
Pour répondre à ce problème, les bateaux qui sillonnent la mer, comme des ferrys, vont être équipés d'instruments de mesure et utilisés pour collecter des données. "Mais encore faut-il les transmettre à Météo France suffisamment rapidement après les avoir traitées", souligne Laurent Dusseau. Et c'est justement là que Robusta 3A intervient, en servant de relais entre les bateaux et la station au sol de Montpellier. "On espère améliorer les prévisions" grâce à ce nanosatellite, ajoute le directeur du CSUM.
Les catastrophes sont telles que toute minute gagnée dans la prévision, tout kilomètre gagné dans la précision de l’endroit où va tomber l’averse, vont peut-être épargner des vies.
Laurent Dusseau, directeur du Centre spatial universitaire de MontpellierFrance 3 Occitanie
Le nanosatellite montpelliérain doit donc contribuer à la meilleure gestion des épisodes cévenols autour de la Méditerranée, avec une fonction de "démonstration technologique" : si tout se passe bien, que le relais des données est efficace, alors une "couverture permanente" pourra être envisagée, avec plus de bateaux équipés et plus de satellites de ce type envoyés en orbite.
Une formation grandeur nature
Mais Robusta 3A a encore une autre fonction : la formation des nombreux étudiants du Centre spatial universitaire de Montpellier. "On veut les former à leurs futurs métiers, alors on ne fait pas semblant, expose Muriel Bernard, directrice lancement et regulatory au CSUM. On fait de vrais satellites opérationnels, avec les exigences lanceurs, comme celles d’Arianespace. Comme ça, nos étudiants sont confrontés aux exigences qu’ils auront ensuite à respecter."
En dix ans, le CSUM a produit sept nanosatellites comme Robusta 3A. Ce dernier-né va avoir la chance de participer au vol inaugural du nouveau lanceur européen, Ariane 6, qui aura lieu depuis Kourou (Guyane), entre le 15 juin et le 31 juillet. "Pour nous, c'est intéressant, on profite de cette opportunité pour lancer à moindre coût car on prend un risque sur ce vol inaugural", révèle Muriel Bernard.
C'est un partenariat gagnant-gagnant, entre nous, l'université avec un budget réduit, et eux qui veulent avoir une charge utile pour que leur vol inaugural soit représentatif des futures missions.
Muriel Bernard, directrice lancement et regulatory au CSUMFrance 3 Occitanie
En attendant le lancement, de derniers essais sur le satellite sont effectués depuis un banc de test au sein du CSUM, pour valider les dernières configurations de vol et la bonne dynamique du nanosatellite.
Dans quelques semaines, Robusta 3A sera livré à Arianespace, afin d'être préparé au décollage imminent. Lorsqu'il sera en orbite, ce satellite survolera la Méditerranée et Montpellier six fois par jour, et participera donc activement à la surveillance de la région.