Guerre d'Algérie : une exposition de Raymond Depardon raconte en photos les derniers jours de l'Algérie française

L'Institut du monde arabe à Paris expose jusqu'au 7 juillet les photos de Raymond Depardon. Le photographe vit à Carnon près de Montpellier. Il livre un témoignage exceptionnel sur les derniers jours de l'Algérie française et les Accords d'Evian.

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Le 18 mars 1962, il y a tout juste 60 ans, les Accords d'Evian sont signés. Les négociations entre la République française et le gouvernement provisoire algérien aboutissent à la fin de la guerre d'Algérie.

A l'époque, Raymond Depardon est sur place pour une agence de presse. Avec son appareil photo et sa mince expérience de journaliste, il livre un témoignage exceptionnel sur les derniers jours de l'Algérie française.

Raymond Depardon a 19 ans. Il est déjà en train de devenir un monstre sacré du photojournalisme.

Un regard du passé toujours aiguisé

Soixante ans se sont écoulés mais le regard est toujours aussi aiguisé. Au beau milieu des visiteurs de l'Institut du monde arabe, presque anonyme, Raymond Depardon déambule entre ses images. Les clichés sont en noir et blanc, pourtant l'histoire du siècle dernier n'est pas si lointaine.

C'est étonnant, j'étais si jeune et tous ces journalistes avaient 40 ans. J'étais très jeune et je suis le seul encore là pour en parler

Raymond Depardon

Au printemps 1961, le jeune Depardon débute dans le métier. Les Français viennent de se prononcer à une immense majorité pour l'autodétermination de l'Algérie.
Le quarteron de généraux a échoué dans son putsch. L'OAS entame sa croisade meurtrière.

L'omniprésence du danger

Raymond Depardon est rejeté par les deux communautés. Les Algériens se méfient du Français et les Pieds Noirs se sentent trahis par le métropolitain.

"Les photographes qui avaient été précédemment en Algérie m'avaient dit : "il risque d'y avoir des attentats mais on va te prévenir". Quand tu marchais sur le trottoir, tu risquais de tomber sur une bombe et il y avait un anonyme qui te disait "changez de trottoir", donc j'avais quand même peur" confie le photographe.

Bien que rejeté par les communautés, Raymond Depardon se rapproche de leur sentiments les plus profonds par le biais de la photographie.

La photographie comme témoin des deux pans de l'histoire

L'objectif de l'appareil devient alors un habile témoin de l'histoire. Devant une photographie accroché au mur de l'Institut du monde arabe, Raymond Depardon est pensif : "Ce monsieur reste là, ne bouge pas. J'aime bien parce qu'il y a une petite fille ou un petit garçon qui est là avec son papa. Et ils ne bougent pas non plus. C'est une métaphore de la douleur que les gens avaient de quitter un pays, leur pays."

Raymond Depardon documente la vie des civils mais aussi le rôle des officiels de cette guerre. Il est à Genève, le 18 mars 1962, dans la villa où se négocient les Accords d'Evian. Les dessous de l'histoire se retrouvent dans les clichés du photographe.

Belkacem Krim, chef de la délégation du FLN à Evian et signataire des accords, apparaît affaibli sur une image, se tenant la tête. "Il semblerait qu'ils l'aient opéré de l'appendicite, on a dû l'opérer d'urgence et personne ne l'a su" raconte Raymond Depardon.

L'exposition "Son œil dans ma main" est visible à l'Institut du Monde Arabe à Paris jusqu'au 7 juillet prochain. Les textes qui accompagnent les photos sont signés par le romancier Kamel Daoud.

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