Avec des épisodes de sécheresse à répétition, de plus en plus d’habitants voient apparaître des fissures dans leur domicile. Ces fragilités sont dues au phénomène de retrait-gonflement des sols. Mais pour faire reconnaître cette cause auprès des assureurs, les démarches ne sont pas si simples.
Des balafres ont envahi les murs de la maison de Sylvie Bertin à Villeneuve-lès-Maguelone dans l'Hérault.
"Là, derrière le volet, il y a une fissure qui a été rebouchée. Et donc, ça c'est aggravé de plus en plus", constate la propriétaire.
Sylvie Bertin a acheté sa maison en 2012. Quatre années plus tard, elle a rapidement vu ses parois se fragiliser à l’extérieur mais aussi à l’intérieur, jusqu’au-dessus de son lit.
"Je voyais que ça s'écartait de plus en plus, c'était vraiment stressant", ajoute-t-elle.
Située sur un sol argileux, sa maison est victime de mouvements de terrain. Quasiment chaque année, la commune de Villeneuve-lès-Maguelone est reconnue en état de catastrophe naturelle pour ces raisons. Sylvie Bertin a donc contacté son assureur.
Les travaux pour réparer les dégâts sont souvent élevés, en moyenne estimé à 16 300 euros, selon un rapport de la Cour des comptes. Toute personne souscrivant à une assurance habitation est couvert pour les dégâts liés aux catastrophes naturelles. Le retrait-gonflement des argiles est la deuxième cause d'indemnisation des catastrophes naturelles par les assurances derrière les inondations.
Mais c'est long . En mars dernier, des travaux ont débuté dans sa maison, six ans après le début des démarches.
"Je peux m'estimer heureuse car cela a été assez rapide. Quand j'en ai parlé avec les gens du voisinage, ils ont été confronté à des experts qui ne veulent pas entendre parler et reconnaitre la sécheresse naturelle", poursuit Sylvie Bertin.
De longues démarches
Dans ce cabinet de géotechnique, on étudie la cause de ces mouvements de terrain : le phénomène de retrait-gonflement des argiles. Un phénomène causé par la succession d’épisodes de sécheresse. Le signe d'un mouvement de terrain occasionné par la sécheresse, ou plutôt l'alternance entre la pluie et le manque d'eau.
"De fin août à fin octobre, c'est la période de sécheresse maximale, de perte de volume maximale. Donc les fissures vont être les plus importantes. L'hiver, on va avoir le phénomène de réhydratation qui va être long et qui va venir par gonflement, soulever les fondations et refermer les fissures", explique Guilhem Nougaret, ingénieur géotechnicien.
Lorsqu'une fissure en escalier apparaît sur le mur de votre maison, il faut aller en mairie pour demander à ce que la commune soit reconnue en état de catastrophe naturelle. Cette procédure permet ensuite aux experts de venir constater les dégâts, de lancer de devis auprès des entreprises pour des réparations et d'enclencher les chantiers.
En France, plus de 10 millions de maisons individuelles sont moyennement ou fortement exposées à ce phénomène.