Les plaintes des Gignacois s'entassent depuis des années mais il aura fallu la construction du lycée Simone Veil pour relancer la polémique. La pollution olfactive dans ce village de la vallée de l'Hérault est due à une entreprise de compost traitant les boues des stations d'épuration.
Les odeurs pestilentielles empoisonnaient la vie des habitants de Gignac depuis longtemps. Mais depuis l'ouverture début septembre du tout nouveau lycée Simone Veil, ce sont les lycéens, les professeurs et tout le personnel de l'établissement qui sont incommodés par la pollution olfactive. En cause, une société de fabrication de compost distante de quelques centaines de mètres à vol d'oiseau. Et des tonnages de déchets traités, dont des boues d'épuration particulièrement nauséabondes, qui augmentent depuis la création de l'entreprise en 2006.
Le lycée Simone Veil en première ligne
"On ne peut pas se concentrer tellement ça pue... Et quand on a chaud on ne peut pas aérer...Le matin, ça fait des picotements dans le nez et même la gorge"
Le maire de Gignac conscient du problème dont il hérite
L'entreprise Compost Environnement montrée du doigt valorise depuis 2006 des boues de stations d'épuration et des déchets verts. Le stockage du compost se fait à l'extérieur, sur un terrain que lui avait vendu la municipalité de l'époque. Mais les normes antipollution et le tonnage de déchets traités ont changé sans qu'il y ait d'adaptation."Au moment où cette entreprise a été validée par la précédente municipalité", explique le maire actuel Jean-François Soto, "évidemment il y a eu des techniques qui n'ont pas été tout à fait adaptées et surtout, la volumétrie". En clair, trop de compost serait entreposé aujourd'hui au grand air, avec les effets nauséabonds que cela entraîne.
La Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL ) a été saisie du dossier et serait en train de réaliser un audit.Donc il faut qu'on trouve un site à ce type d'industrie qui par ailleurs est nécessaire. Nous travaillons à trouver des solutions.
L'entreprise incriminée se dit d'accord pour déménager
Le directeur de Compost Environnement, joint par téléphone par Laurent Beaumel, dit être en règle et invoque l'antériorité de son activité:"Il n'y avait personne autour de chez nous et maintenant, ils veulent nous faire partir en disant qu'on n'a plus notre place ici" s'insurge le responsable, toutefois prêt à déménager:
Le problème, c'est que les communes ne se battent pas pour accueillir l'activité malodorante.... la commune du Bosc et le parc régional économique Michel Chevalier étaient un moment préssentis, mais le syndicat mixte qui gère la zone d’activité avait démenti en 2019 une quelconque demande de l'entreprise de compost en ce sens.Depuis le début, on dit "trouvez nous un site, faites le même site ailleurs et on s'en va! "
Le combat de l'association "Cadre de vie" de Gignac
Ça fait des années que l'association des riverains de Gignac "Cadre de vie" se bat contre cette pollution olfactive grandissante. Pour preuve, les témoignages qui s'entassent et qui en disent long sur le ras-le-bol des Gignacois incommodés.Gérard Agonayan, le président de l'association, maîtrise le dossier car il s'est plongé dans les autorisations et méandres juridiques qui ont permis l'augmentation de l'activité, et donc des nuisances:"C'est honteux, on ne peut plus se mettre dans le jardin, ni recevoir du monde, cela nous soulève le coeur"
"Au départ, cette entreprise était sous le régime de la déclaration, et donc autorisée jusqu'à un certain tonnage de traitement. Et après, elle a demandé à avoir un régime d'autorisation et maintenant, le tonnage est illimité..."
La région et le préfet suivent ce dossier de près et la DREAL doit rendre un audit. L'ouverture du nouveau lycée Simone Veil pourrait accélérer les choses...Et le maire de Gignac a été élu président de la communauté de communes de la Vallée de l'Hérault en juillet 2020, ce qui lui donne une vue d'ensemble sur les sites de réimplantation envisageables pour l'entreprise de compost.
Le reportage à Gignac où Laurent Beaumel et Yannick Leteurnier sont allés humer l'air et l'humeur autour du lycée.