À Montpellier, l'association Etincelle Occitanie propose des cours de danse pour les personnes atteintes d'un cancer. Une initiative qui permet d'oublier sa maladie le temps de quelques heures et qui séduit les participants.
Une heure pour oublier sa maladie, ses douleurs, et renouer avec son corps. C'est ce que propose l'association Etincelle Occitanie, avec des cours de danse proposés aux personnes atteintes d'un cancer.
Dans les locaux de DNA Area, un studio de danse montpelliérain, ils sont nombreux à venir participer au cours d'Audrey Bosc. Une vingtaine d'élèves, en très grande majorité des femmes, viennent s'essayer à la danse. Certaines sont des habituées, quelques unes viennent pour la première fois.
"Energisée, joyeuse, confiante"
Au rythme de la musique, les mouvements s'enchaînent, alors que peu à peu, les corps se libèrent, et les sourires fleurissent sur les visages. À la fin du cours, les avis sont unanimes. "Je prends beaucoup beaucoup de plaisir, je me sens énergisée, joyeuse, confiante", rayonne Élodie Royer.
"C'est un grand moment de joie de sentir son corps en mouvement, et de partager cet instant avec des personnes qui savent ce que c'est, cette maladie", confie cette formatrice de 41 ans, qui souffre d'un cancer du sein.
C'est comme quand vous avez soif et que vous buvez un grand verre d'eau fraîche. Tout le bien que ça peut vous faire, c'est pareil avec la danse.
Sylvie Schellino, professeure des écoles, atteinte d'un cancer du sein récidivant
À travers son cours, Audrey Bosc essaye de transmettre son énergie à ses élèves, de les "prendre par la main" pour leur donner envie de refaire confiance à leur corps, à leurs capacités. Au fil de l'heure, elle les voit se transformer. "Ils commencent en étant fermés, et au fur à mesure ils s’ouvrent, ils s’autorisent à vivre ce moment, s'émeut la professeure de danse. Ils arrivent à déconnecter, à se faire du bien pendant une heure, c'est très important."
Extérioriser la souffrance par la danse
Un sentiment de déconnexion ressenti par Sylvie Schellino. Cette professeure des écoles de 60 ans est atteinte d'un cancer du sein récidivant, et ressent quotidiennement les effets secondaires de ses traitements. "On arrive toujours avec nos soucis, mais moi j'oublie tout, je suis complètement dans la danse. Je ressens des émotions intenses, je repars avec la banane, et c'est ça qui compte ! Demain matin je vais pouvoir me lever, ça vaut plus que de l'or."
Pour Véronique Amaro, pouvoir oublier "ne serait-ce que quinze minutes sa maladie, c'est déjà énorme". Cette aide-soignante de 52 ans souffre d'un cancer des ovaires, et trouve dans la danse un véritable exutoire. "Ça permet de sortir tout ce qu'on a à l'intérieur. Je ressors de là avec encore plus l'envie d'avancer, de vivre."
Le sport, et notamment la danse, permet de reprendre confiance en son corps, ce corps qui a été meurtri, touché.
Elodie Royer, formatrice, atteinte d'un cancer du sein
Pour Audrey Bosc, voir ses élèves repartir avec le sourire, les aider à avancer, est à la fois "une grande responsabilité" et une vraie "fierté". "Je suis honorée qu'ils me fassent confiance, et ils m'amènent une énergie incroyable. C'est une vraie leçon de vie, d'être ici à leurs côtés et de voir comment ils arrivent à se battre contre la maladie, à venir ici et à tout donner", admire la professeure.
Une fois le cours terminé, tout le monde s'applaudit, se félicite, l'atmosphère est plus légère. Tous repartent avec le sourire et n'ont sans doute qu'une envie, revenir pour le prochain cours et pouvoir s'oublier dans la danse une nouvelle fois.
Écrit avec Denis Clerc.