Il assistera bientôt les facteurs dans la distribution du courrier et des colis à Montpellier. Carreta, le nouveau véhicule autonome de La Poste, est actuellement en phase de test à Montpellier et circule dans le quartier Antigone.
Un camion ? Un automate ? Un robot ? Difficile à dire tant cet objet roulant non identifié ressemble à un gros jouet. En fait, il s'agit d'un "droïde", un véhicule automatisé 100% électrique dédié à la logistique urbaine. En phase de test, Carreta (c'est son petit nom), qui veut dire "chariot" en occitan, roule depuis peu dans le quartier Antigone et il circulera bientôt dans les rues de l'Ecusson, le cœur historique et piétonnier de Montpellier. Une expérimentation lancée il y a un an par Montpellier Méditerranée Métropole, en partenariat avec La Poste et l'ADEME.
"Nous ne sommes pas dans un film de science-fiction, et c'est bien à Montpellier que va se mouvoir le premier véhicule automate de France dédié au dernier kilomètre", s'enthousiasmait déjà Michaël Delafosse en septembre 2021 lors de la présentation du projet.
Carreta vise à tester une solution innovante et durable pour la livraison de marchandises en ville. Il figure parmi les 16 expérimentations nationales retenue par l'Etat pour évaluer les opportunités de développement de la filière véhicule autonome en France.
Et c'est une start-up de Cahors, dans le Lot, qui l'a imaginé et mis au point. "Twinswheel développe et fabrique tous ses droïdes en Occitanie, assure Vincent Talon, cofondateur de l'entreprise. Le but de ces droïdes est de proposer aux acteurs économiques des solutions de logistique urbaine verte, propre, sûr, à faible empreinte au sol."
Soulager les facteurs
L'avantage de ces véhicules électriques, c'est surtout de pouvoir transporter des objets encombrants, dont le poids peut monter jusqu'à 500 kg. Concrètement, le droïde, avec tous ses capteurs et son électronique embarquée, peut se déplacer tout seul, en contournant les obstacles, jusqu'au postier pour lui amener des colis ou le débarrasser des autres, ceux qu'il n'a pas pu déposer chez un client, absent.
Tous les jours dans ma tournée, ça m'offre la possibilité d'avoir à disposition un dépôt-relais qui vient à moi. Ca me permet aussi d'emporter des objets encombrants ou des objets lourds. Ca m'évite de les prendre sur mon vélo. Ca m'offre plus de confort et ça facilite mon travail au quotidien.
Charles Blahyj, facteur depuis 9 ans.
Mais attention, prévient-on du côté du groupe La Poste, ces véhicules ne sont pas là pour remplacer un jour les fameux facteurs. Pour Philippe Dorge, directeur général adjoint du groupe, en charge de la branche services-courrier-colis, le recours à ce "camion robot" s'inscrit dans la "recherche de solutions complémentaires pour structurer et optimiser la chaîne logistique au regard des enjeux sociaux et environnementaux, tout en garantissant un service humain de proximité."
Une expérimentation encadrée par des chercheurs
Le fabricant a reçu une subvention de 500 000 euros de l'Etat. Montpellier Méditerranée Métropole participe à hauteur de 100 000 euros en finançant les laboratoires de recherche partenaires et la coordination du projet.
Car l'expérimentation est également encadrée par des chercheurs. Ils sont chargés d'évaluer notamment la sécurité, le comportement des usagers, "l'acceptabilité" du droïde (comment régiront les riverains quand ils verront le robot se déplacer au milieu d'eux) ou encore l'impact environnemental.
Démarrée à l'automne dernier, l'expérience doit durer trois ans au total. Des droïdes sont également en test dans une deuxième entreprise montpelliéraine, chez Stef, pour la livraison de produits frais.