Dans l'histoire récente des mouvements sociaux, l'entrée des jeunes dans la mobilisation a souvent fait la différence en termes de rapport de force. Les convaincre de se joindre à la journée d'action de mardi est donc capital pour les syndicats. Mais rien n'est facile. Les militants ne ménagent pourtant pas leurs efforts. Exemple dans l'Hérault.
7 heures 30 devant le lycée Joliot Curie de Sète. Les militants de l'intersyndicale se sont levés tôt pour aller au contact des jeunes avant le début des cours. Même si beaucoup acceptent les tracts, la retraite pour eux c'est loin, alors il faut convaincre.
" Ils sont concernés par leurs parents et leurs grands-parents qui vont être directement pénalisés par cette réforme et ils sont concernés également par ceux vont rentrer bientôt dans la vie active parce que plus on retarde l'âge de départ à la retraite, plus on dégrade considérablement les conditions d 'entrer dans la vie active des jeunes, notamment par le chômage et la précarité, " explique Stéphane Audebeau, professeur de SES et secrétaire départemental FSU 34.
Une précarité que redoute Tony. Il ira manifester mardi. Pour son grand-père, à la pension insuffisante, et pour son avenir à lui.
" En travaillant beaucoup moins et en connaissant le chômage, jamais on aura ces années de cotisations, donc je pense que c'est un bon but, tout le monde est concerné ! " confie Tony
19 ans, étudiant en 1ère année de BTS "Gestion de la PME" .
Mobilisés ?
Concernés, mais pas forcément mobilisés. La solidarité, pourtant, est là, même dans les universités.
" Ils se mobilisent au moins par la pensée , ils partagent et sont contre la réforme des retraits mais ils sont pas mobilisables et mobilisés activement pour la plupart, ' explique Antoine Rauch,
membre du Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM).
De plus en plus d'étudiants ont du mal à boucler les fins de mois. Depuis septembre, les associations partenaires du CROUS ont déjà distribué plus de dix mille colis alimentaires. Avant la retraite, la priorité est de gérer le quotidien, y compris pour les membres des syndicats.
" Hier soir, par exemple, je travaillais ans un café par exemple , faire du service jusqu'à une heure du matin , donc c est compliqué dans ces conditions là , et aussi il y aussi la question des cours. On a besoin d'être de plus en plus en cours, pas parce que le niveau est en augmentation , mais parce qu' il y a la sélection , " témoigne Fabien Bon, élu au conseil d'administration de l'Université Paul Valéry et membre du SCUM.
Fabien sera quand même dans l'action, pour sa mère à la carrière morcelée. Et pour un autre modèle de société, plus juste pour les plus fragiles.