Dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, 50 maires de France demandent l'annulation du 1er tour des élections municipales qui s'est déroulé en pleine pandémie de coronavirus. Parmi les signataires de cette tribune, plusieurs maires d’Occitanie. Réactions.
50 maires et candidats estiment que le coronavirus a faussé le scrutin du premier tour des élections municipales du 15 mars 2020, dénonçant des taux d’abstention record. Dans une lettre ouverte, publiée par nos confrères du Figaro, ils demandent au Président de la République Emmanuel Macron, une annulation du premier tour de ces municipales dans toutes les communes de France, même dans les communes où un maire a été élu au premier tour.
"Un scrutin pas légitime"
Dans cette tribune, initiée par Renaud George, maire (LREM) de Saint-Germain-au-Mont-D’or, ils remettent en cause la légitimité du scrutin.
Parmi les signataires, plusieurs maires d’Occitanie, dont Iglesias Bonifacio, maire d’Anduze, dans le Gard, son adversaire Geneviève Blanc, a été élue au premier tour des élections municipales avec 53,07% des voix. Mais pour le maire sortant, la légitimité de ce scrutin fait doute :
Je demande que ce scrutin soit annulé partout, car pour moi ce scrutin n’est pas sincère vis-à-vis de la constitution, il n’y a pas d’égalité de traitements pour les citoyens. Les Français étaient appelés à voter alors que les lieux publics étaient fermés et que les personnes fragiles et âgées devaient déjà limiter leur déplacement. Moi dans ma commune, le taux de participation était de 57% au lieu de 75% en 2014, ça représente 400 votants de moins alors que le nombre d’inscrits sur les listes électorales a augmenté. Ce vote n'est pas légitime c'est tout.
Le maire d’Anduze a déjà déposé un recours pour demander l’annulation de cette élection auprès du tribunal administratif. Et il n'est pas le seul, Laurent Jaoul, maire de Saint-Brès a déposé un recours et il a également signé la tribune pour demander l’annulation de cette élection, pourtant lui a été élu au premier tour, mais avec un taux record d'abstention approchant les 83%.
"Dénoncer cette mascarade"
Le maire de Saint-Brès, Laurent Jaoul, demande également l'annulation de ce scrutin alors que lui a été réélu.
La veille du scrutin, Laurent Jaoul, avait demandé aux habitants de la commune de ne pas se rendre aux urnes.Je trouve cela scandaleux, qu’un premier ministre prenne la parole pour demander aux Français de ne plus se rendre des lieux publics et que, dans le même temps, on demande aux Français de se rendre dans ces lieux publics pour aller voter.
Les français qui se sont rendus aux urnes y sont allés la peur au ventre et c'est légitime. Aujourd’hui il y a des maires qui sont morts à cause de ce virus, mais aussi des militants de partis politiques. Cette mascarade il faut la dénoncer.
Au total, sept maires d’Occitanie font partie de ces signataires : Gilles BROQUERE, Maire de Fenouillet , Alexandre COZZA, Candidat à Le Vigan ; Marjorie ENJELVIN, Maire de Clarensac; Bonifacio IGLESIAS, Maire d’Anduze ; Laurent JAOUL, Maire de Saint-Brès ; Jean-Pierre LAFFONT, Candidat à Laudun-L’ardoise; Thomas VIDAL, Maire du Val d’Aigoual .
Du côté du gouvernement, des reports mais pas d'annulations
Du côté du gouvernement, on semble s’y perdre. Après avoir décidé de reporter le second tour des municipales au mois de juin, il semblerait que la date privilégiée soit désormais en septembre. Mais si le second tour est reporté à l’automne, il faudrait alors décaler les élections sénatoriales prévues en septembre, et refaire aussi le premier pour les 5.000 communes concernées.
De plus en plus de candidats déposent des recours en justice pour faire annuler les résultats du 15 mars.
Le reportage de Laurent Beaumel et Benoit De Tugny