Le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) fait débat. A Montpellier, dans l’Hérault, le monde universitaire et les chercheurs du secteur public se mobilisent contre ce projet, qui permettrait, entre autres, d’employer des enseignants-chercheurs contractuels.
Suite au remaniement ministériel, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche, dite "LPPR" devrait être finalement présenté en conseil des Ministres d'ici quelques semaines.
Parmi les propositions : la création de "CDI de projet". Une aberration pour Bruno Alonso, chercheur au CNRS et membre du syndicat Sud Education. "Ce contrat de mission est une sorte de contrat à durée indéterminée qui serait interrompu en même temps que le projet".
Dans l’enseignement supérieur et la recherche, 30% des personnes sont précaires : elles travaillent soit dans les laboratoires, soit dans les universités. Ce chiffre risque d’augmenter avec le temps !
Une situation "catastrophique"
"Ce projet de loi ne répond pas aux attentes de la communauté" confie Bruno Alonso. Plus loin, Adrian, doctorant à Montpellier, est du même avis.
"C’est complètement incompréhensible, j’ai l’impression que la France est le seul pays au monde et européen, qui réduit le budget de la recherche alors que c’est maintenant que nous en avons besoin !".Ce projet est inquiétant. Il remet en cause tout le statut de fonctionnaire dans le monde de la recherche.
15% d’étudiants en plus pour 10% d’enseignants en moins
Thierry Guillet est professeur au département de physique de la faculté des sciences de l’Université de Montpellier. Depuis une dizaine d’années, le nombre d’étudiants a augmenté de 15%. Parallèlement, l’Université de Montpellier compte 10% d’enseignants-chercheurs en moins.
Selon Thierry Guillet, 700 postes pourraient être créés à l’Université de Montpellier "en remplacement de ces heures de précaires, par de vrais titulaires."De ce fait, nous réduisons le nombre d’heures chaque année dans nos formations. La LPPR nous dit vous n’aurez aucun nouvel enseignant titulaire, vous n’aurez que les moyens trouvés sur votre chiffre d’affaires d’université pour payer les heures manquantes. On va devoir générer du chiffre d’affaires, vendre des formations, et pour nous, étudier, ce n’est pas ça.
40 000 postes ont été rongés, année après année en ne renouvelant pas les départs en retraite mais en les remplaçant par des précaires et des gens payés à l’heure.
25% des recrutements pourraient s’étendre sur une période de 6 ans, sans garantie d’embauche. Les personnels de la recherche et les syndicats continuent de se mobiliser afin de "remettre en cause ce projet".