Montpellier : l'Etat est-il responsable de la mort de Kim Lavaud, en Angola ?

Une famille de Saint Jean-de-Védas près de Montpellier, part en croisade pour comprendre la mort de sa fille de 24 ans. Employée à l'ambassade de France en Angola, la jeune femme est décédée du paludisme mi-juin. Selon ses parents, Kim aurait pu être sauvée si elle avait été évacuée à temps.

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Kim Lavaud avait 24 ans. Après de brillantes études en économie, cette jeune Héraultaise avait décroché un contrat de 18 mois au sein de l'Ambassade de France, en Angola. Elle y est morte 5 mois après son arrivée, fauchée en pleine jeunesse par le paludisme.

Sa brutale disparition a touché nombre de gens à Saint-Jean-de-Védas, près de Montpellier où elle a été inhumée vendredi 2 juillet. Plusieurs centaines de personnes sont venues lui rendre un dernier hommage.

Aujourd'hui, ses parents veulent comprendre ce qui s'est réellement passé et se demandent comment une jeune femme sportive et en pleine forme a pu succomber ainsi en Afrique, alors qu'elle était en contrat avec l'Etat, "dans une indifférence quasi générale". 

Elle est partie travailler là-bas contente, sereine, c’était le rêve de sa vie et on nous la ramène en cercueil !

Christel Lavaud, mère de Kim

Une famille dévastée par le chagrin

Ce drame s'est déroulé très vite, en moins d'une semaine, à Luanda dans la capitale angolaise ou vivait et travaillait la jeune femme.

Le dimanche 6 juin, souffrant d'un fort mal de tête, Kim se doute qu'elle a attrapé le palu. Selon ses parents, elle ira seule, elle-même, de pharmacie en pharmacie dans les rues de Luanda pour trouver des médicaments afin de soigner cette première crise de paludisme. En vain. Il n'y en a pas non plus à l'ambassade de France.

Hospitalisée le mercredi dans la capitale angolaise au sein d'un établissement qui réclame 1000 euros d'emblée et qui est dépourvu de service de réanimation, le diagnostic tombe : elle a contracté une forme grave de paludisme. Son état est tel que les médecins locaux recommandent son évacuation sanitaire, ses chances de survie sont encore à ce moment-là de 70%, selon sa famille qui transmet toutes les informations dont elle dispose à des médecins de Montpellier.

Parallèlement, son assurance tente de lui trouver une place dans un hôpital en Afrique du Sud, mais l'avion n'arrivera jamais à temps. Le vendredi, l'état de Kim se dégrade encore, il faut l'intuber, elle meurt le samedi matin à Luanda. Ses parents l'apprendront le samedi soir, quand les gendarmes viennent sonner à leur porte, à Saint-Jean-de-Védas.

En apprenant la terrible nouvelle, son père fera un double malaise cardiaque. Si sa mère, présidente d'un club de judo -Montpellier Judo Olympic-, tient encore debout, c'est aujourd'hui pour connaître la vérité et savoir qui est responsable de ce drame.

Pour nous, il y a eu des dysfonctionnements. C’est pas possible qu’une jeune fille de 24 ans meure du palu alors qu’elle était sous l’autorité de l’État.

Christel Lavaud, mère de Kim

"Elle n’était pas partie avec un sac à dos, elle était logée à l’ambassade, elle avait fait tous les vaccins qu’il fallait ! Dès le jeudi, les médecins angolais ont dit qu'il faillait l'évacuer et personne n'a bougé. Nous voulons savoir qui est responsable, qui n’a pas tapé du poing sur la table le moment venu ! Est-ce qu’à Paris, le ministre des affaires étrangères était au courant de l’état de Kim ? On attend des réponses et on veut surtout que plus jamais cela n’arrive à d’autres familles, ni aux amis de Kim qui sont encore sur place" martelle cette mère en deuil.

Réponse laconique du quai d'Orsay 

Sollicité par téléphone lors de notre reportage, le Quai d'Orsay nous a fait parvenir sa réponse par écrit, mardi 06 juillet : 

L’ambassade s’est pleinement mobilisée pour lui venir en aide et faciliter l’évacuation sanitaire d’urgence par l’assureur. Le décès de notre jeune compatriote est intervenu à la suite de la dégradation brutale de son état alors que le lancement de l’évacuation sanitaire d’urgence vers l’Afrique du sud était programmé.

Le Quai d'Orsay

"Ce drame a constitué un choc pour les agents de l’ambassade. Le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères s’associe à la peine de la famille et à celle de ses collègues de la Direction Générale du Trésor" peut-on encore lire dans ce mail.

Reste encore nombre de questions sans réponse : notamment en ce qui concerne le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP) au sein de l'ambassade de France à Luanda.

Selon les parents de Kim Lavaud, ce document obligatoire dans toute entreprise, administration ou association qui liste les risques professionnels encourus par les travailleurs et les actions de prévention et de protection qui en découlent, n'existerait pas au sein de l'ambassade de Luanda.

Jamais leur fille n'a été mise au courant par les services de l'ambassade de l'ampleur des risques liés au paludisme en Angola, qui fait pourtant partie des dix pays les plus touchés par le paludisme.

Cette famille en deuil se dit désormais prête à attaquer en justice pour connaitre la vérité.

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