Montpellier : polémique au sein de LREM sur l'affiche de campagne du 1er canton où figure une suppléante voilée

Le député Nicolas Démoulin a mis les pieds dans le plat en commentant l'affiche de campagne LREM pour le 1er canton  à Montpellier : "Trop éloigné de l’idée que je me fais de la laïcité. Ce sera sans moi". En cause, le voile de Sara Zemmahi, suppléante. Depuis, la polémique enfle.

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C'est d'abord le député de la République en Marche Nicolas Démoulin à Montpellier (Hérault), qui met le feu aux poudres dans son parti sur Twitter, rapidement relayé par le délégué général du parti présidentiel. Toujours sur le réseau social, Stanislas Guérini met en demeure les candidats du premier canton de Montpellier de changer leur photo sous peine de perdre le soutien de LREM.

En cause, la présence voilée de la suppléante d'Hélène Qvistgaard et Mahfoud Benali, Sara Zemmahi. Un signe religieux "ostentatoire et incompatible avec les valeurs portées par LREM" selon le secrétaire général du parti d'Emmanuel Macron.

Le tweet définitif du député LREM

Elu sur le 8ème canton de Montpellier, le député LREM Nicolas Démoulin n'a pas apprécié l'affiche de campagne des candidats engagés dans la course aux départementales sous la bannière de la République en Marche dans le 1er canton de la ville. "Différents mais unis pour vous", promet l'affiche. Un peu trop différents de sa conception de la laïcité, en tout cas, puisque le député n'a pas hésité à diffuser son refus de soutenir cette liste aux prochaines élections départementales de juin 2021, une heure après un premier twitt sur le sujet de Jordan Barella pour le Rassemblement national.

Une photo "incompatible avec les valeurs de LREM" selon son délégué général

Non seulement Stanislas Guérini soutient l'indignation du député montpelliérain, mais le secrétaire général de LREM va plus loin puisque qu'il somme les candidats de la liste en question, et plus généralement tous ceux qui arboreraient des signes religieux sur leur photo de campagne, d'y renoncer sous peine de perdre le soutien de la République en Marche.

Maladresse ou volonté affichée, la réponse de Guérini n'est pas faite au twitt de Nicolas Démoulin mais à celui de Jordan Bardella, du Rassemblement National, ce qui n'a pas manqué d'engendrer des critiques acerbes sur les réseaux sociaux d'un parti LREM "à la botte" de l'extrême-droite.

Un tweet qui fait des remous...

Le tweet initial de Nicolas Démoulin a aussi interpelé le maire de Montpellier. Michaël Delafosse a "liké" et retweeté le message du député héraultais avant de supprimer cette "approbation"... ce qui n'a pas échappé au porte-parole de NousSommes, Valentin Fonteray.

Le positionnement de l'actuel maire de Montpellier n'est pas nouveau. Lors de l'élection municipale de 2020, la militante Samira Yakhlef (PC) avait été écartée de la liste de Michaël Delafosse au motif qu’elle portait le voile.

Mahfoud Benali, tête de la liste incriminée, réagit

Interrogé en compagnie de sa co-listière Hélène Qvistgaard, Mahfoud Benali, candidat de la liste LREM sur le premier canton de Montpellier se dit surpris de la polémique concernant le voile porté par la remplaçante Sara Zemmahi sur la photo.

"Sara, je la connais depuis 2015, elle est militante au sein d'associations" explique Mahfoud Benali.

Je vois à travers Sara des compétences, je ne vois pas ce qu'elle porte. Nous, on ne s'est même pas posé la question!

Mahfoud Benali, candidat LREM premier canton de Montpellier

La question divise LREM

Sur les réseaux sociaux et dans les médias, le débat fait rage. Et suscite des réactions politiques qui dépassent largement le cadre des élections départementales à Montpellier.

Ce mardi sur France-Inter,  le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a approuvé la position du délégué général de LREM , même s'il a précisé que "juridiquement, rien n'empêche une personne de se présenter à une élection avec un signe religieux, en l'occurrence un voile".
  

 Ce qu'a dit Stanislas Guérini c'est que pour la République en marche, effectivement, on ne souhaite pas présenter de candidats qui s'affichent sur des documents officiels de campagne avec un signe ostensible religieux, c'est une question de choix politique.

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement


Mais plusieurs députés ont contesté ce recadrage officiel. Pour la députée du Val d'Oise Naïma Moutchou, "écarter cette candidate serait une discrimination". "Le mépris du droit, c'est l'agenda du RN. Pas le nôtre", a-t-elle ajouté sur Twitter, approuvée par ses collègues Cécile Rilhac et Stella Dupont.
Et la députée de l'Hérault Coralie Dubost a enfoncé le clou ce mardi matin sur Radio J :

"Je suis en désaccord avec mon parti politique. Lorsque vous avez une jeune femme ingénieure, qui fait des heures de bénévolat, qui s'engage dans un parti pour porter des valeurs progressistes, qu'elle soit voilée ou non, elle a toute sa place chez nous".

Coralie Dubost, députée LREM Hérault


Roland Lescure, député et porte-parole du mouvement LREM, a reconnu auprès de nos confrères de l'AFP un problème sur la forme mais non sur le fond, où il est d'accord avec Stanislas Guérini : "Peut-être que sur la forme, ce n'était pas la meilleure manière de procéder en retweetant Bardella puisqu'on donne du crédit à ce qu'il dit", a-t-il estimé. Mais "si les colistiers LREM du 1er canton de Montpellier persistent dans leur volonté d'afficher un signe ostentatoire, on leur retirera le soutien", a confirmé Roland Lescure. 

Et maintenant?

Pour les colistiers de La République en Marche dans le 1er canton de Montpellier, pas question de "rayer" Sara Zemmahi de la liste ni même de refaire une photo sans elle et son voile. 

On ne va pas demander à Sara de s'effacer, alors qu'on est tout à fait dans le cadre de la loi. Sa candidature a été enregistrée à la préfecture, la photo est partie à l'impression, on va continuer...On espère que Monsieur Guérini va changer d'avis!

Mahfoud Benali, colisitier LREM 1er canton Montpellier

Mais les candidats de la liste LREM , très surpris de l'ampleur que prend la polémique, redoutent surtout son impact sur le quartier de la Paillade qu'ils veulent représenter dans sa diversité.

"On se présente dans un quartier populaire où l'abstention est énorme, et des réactions de ce type, c'est ça qui crée l'abstention" analyse Mahfoud Benali, pourtant marcheur de la première heure.

Le reportage à Montpellier de Pauline Sénet et François Jobard pour France 3 Occitanie.

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