La trêve hivernale a commencé le 1er novembre. Il s'agit d'empêcher les expulsions locatives durant les mois les plus froids de l'année. Pourtant à Montpellier, une société immobilière a procédé à la démolition du toit d'une maison pour en déloger les occupants.
Audrey, sa mère Myriam et sa belle-fille de 8 ans étaient chez elles quand elles ont entendu un grand bruit... et vu leur toit s'effondrer.
Ce vendredi matin, cette famille habitant le quartier de la Pompignane à Montpellier, a vu non pas le ciel, mais le toit lui tomber sur la tête. De fait, on voulait l'expulser de force de son logement, alors que la trêve hivernale est en cours.
A l’origine de cette expulsion, un différend entre locataire et propriétaire. Différend qui est actuellement devant la justice. Mais sans attendre, le propriétaire a envoyé une entreprise pour démolir la maison, en commençant par le toit, alors que la famille se trouvait toujours à l’intérieur.
Des individus se recommandant de la société Hectare sont venus sans prévenir, sans sonner, pour commencer à détruire le toit, et ne pas répondre à nos interventions. Ils n’avaient pas de documents, rien, et nous avons été insultées, menacées" explique la famille encore choquée.
"Tu vas dormir dehors"
Ils nous ont dit : "nous, on va le faire à la vieille école, vous allez dormir dehors", confie Myriam Villefeu, la mère de la locataire.
La famille, complètement paniquée a appelé la police, qui est intervenue après cette démolition sauvage déjà bien avancée.
Les policiers ont refusé de mettre en garde à vue les hommes venus détruire la maison et le donneur d'ordres d'Hectares, la société propriétaire de la maison et du terrain", s'insurge Sophie Mazas, l'avocate de la famille et de la Ligue des droits de l'Homme à Montpellier.
Sans toit
Aujourd’hui la famille n’a plus de logement.
Une personne en pleine trêve hivernale qui voit son domicile violé, son toit arraché, qui lui tombe dessus, parce que l'on essaye de l’expulser de force, c’est du jamais vu à Montpellier.
"La maison n’est plus habitable. Seul le préfet peut ordonner une expulsion mais pas pendant la trêve hivernale", précise l'avocate.
Contactée par téléphone, la préfecture affirme qu’il s’agit d’un différend entre locataire et propriétaire. Et en aucun cas, elle n'a ordonné l’expulsion de cette famille.Le toit arraché
La locataire affirme avoir déjà porté plainte contre l’entreprise Hectare immobilier, venue plusieurs jours auparavant pour démolir la maison. Contactée, la société incriminée, n'a pas donné suite à notre demande d'interview.
Ce soir, tous les hébergements d'urgence sont complets. Audrey et Myriam Villefeu ainsi que sa belle-fille de huit ans devront retourner dans leur maison sans toit.