Les morsures de serpents de notre région sont-elles dangereuses ?

Il y a 2 semaines, une jeune fille a été mordue par un serpent au Mont-Aigoual. Une morsure rarissime et sans gravité mais qui a suscité beaucoup de questions. Philippe Geniez, biologiste au Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive à Montpellier et passionné par les serpents, nous répond.

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Dans le Languedoc et le Roussillon, les spécialistes comptabilisent 11 espèces de serpents :
  • 9 espèces de couleuvres,
  • 2 espèces de vipères : la vipère aspic et la vipère péliade.


Seules la vipère aspic et la vipère péliade sont dangereuses mais il est très rare de se faire mordre par un serpent. A moins de les manipuler volontairement.

Pourtant, le 1er juin 2019, un incident a eu lieu dans le Gard, près de l'observatoire du Mont-Aigoual, en plein après-midi. Un serpent a mordu une jeune fille de 17 ans. Elle a été hospitalisée à la clinique de Ganges et est indemne.
 


Philippe Geniez, biologiste à l'école pratique des hautes études au sein du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier (CEFE) le rappelle souvent : "les cas mortels de morsure de serpents en France sont rarissimes, bien plus rares que ceux liés aux piqûres d'abeilles, de guêpes ou de frelons, peut-être un tous les dix ans ?".

Dans l'ex Languedoc-Roussillon, seule la morsure des deux espèces de vipères doit être prises au sérieux.
 

Une morsure de vipère constitue en général un choc, qui nécessite absolument une hospitalisation" explique Philippe Geniez, également membre de la société herpétologique de France (SHF)
 


Quelle attitude adopter quand on voit un serpent ?


Si on voit un serpent, on peut l’observer en étant très immobile.
 

Evitez de faire des gestes brusques ou de montrer du doigt l’animal. Si vous bougez, le serpent fuira mais il n’attaquera quasiment jamais l’humain" conseille Philippe Geniez, qui étudie les amphibiens et les serpents depuis de longues années.  

Le biologiste explique que les serpents ne mordent qu'en de très rares occasions : quand ils se sentent acculés, par exemple, dans un recoin, un compartiment d’où ils ne pourraient s’enfuir, ou encore lorsqu’ils sont capturés et manipulés."


Que faire en cas de morsure ?


En cas de morsure, il faut demander à être dirigé rapidement vers un hôpital pour être pris en charge.

"Généralement, de nos jours," explique Philipe Geniez, "le patient est mis en observation, sous perfusion, avec administration de chlorure de sodium, en surveillant de près son état, et en administrant les médicaments en fonction des symptômes et de l’évolution, par exemple, des tonicardiaques en cas de défaillance cardiaque".
 

En Europe occidentale, on n’administre plus de sérum antivenin, sauf cas gravissimes, car il peut s’ensuivre des réaction allergiques violentes.

"De plus, les antivenins sont très chers, difficiles à obtenir, et surtout, difficiles à conserver. En revanche, dans les pays tropicaux où il y a des serpents dont le venin est infiniment plus puissant que celui des vipères d’Europe, il faut avoir recours à des sérums antivenins, de préférence en milieu hospitalier".
 

Comment reconnaître à coup sûr une vipère... d'une couleuvre ?


"Beaucoup de gens pensent que les couleuvres sont grandes, et les vipères petites. De fait, une jeune couleuvre, ou une espèce de petite taille - il y en a - sont souvent tuées, les personnes croyant avoir affaire à une vipère !" déplore Philippe Geniez.
 

Pour le biologiste, il est très facile de différencier les vipères des couleuvres en France.

Les vipères ont des pupilles fendues verticalement, comme celles des chats, alors que les couleuvres ont une pupille ronde. 


De plus, le dessus de la tête des vipères est recouvert de petites écailles, celui des couleuvres a neuf grandes plaques brillantes.

Attention cependant, outre la petite taille, "la tête triangulaire et la queue courte se retrouvent aussi chez une partie des espèces de couleuvres", précise Philippe Geniez.

Saurez-vous reconnaître dans notre diaporama, ces animaux photographiés en Occitanie au fil des années ? Vipères ou couleuvres...
 
Pour aller plus loin, le livre de Philippe Geniez : Les Amphibiens et les Reptiles du Languedoc-Roussillon et régions limitrophes.

Référence: Geniez Ph. & Cheylan M. (2012). Les Amphibiens et les Reptiles du Languedoc-Roussillon et régions limitrophes. Atlas biogéographique. Biotope, Mèze & Muséum national d’Histoire naturelle, Paris (collection Inventaires et biodiversité), 448 pages.
 
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