"On est humain, la rue ne nous définit pas" : sans domicile fixe, ils tournent un documentaire pour balayer les clichés sur leur univers

C'est un documentaire tourné par et sur des personnes sans abri : "Des âmes et des ombres, Nos vies à la rue" a été réalisé avec le soutien de l'association les Ziconofages et le collectif " Parlons clichés". Balayer les clichés sur le monde de la rue est l'ambition de toute l'équipe de tournage.

Ronan joue son propre rôle, sa propre histoire, celle d'un sans-abri. Et c'est Michel, lui aussi sans domicile fixe aussi qui filme la séquence. Leur documentaire "Des âmes et des ombres " raconte leurs conditions de vie, leur quotidien, comme cette "halte douche" à bord du camping-car itinérant. 
Tout au fond de la cabine, Steph filme aussi, épaulée par Pascal, le réalisateur.

Aux gens qui croient que les toxicomanes et les SDF sont des moins que rien, j'ai envie de montrer que l'on est capable de faire des choses vraiment bien, d'avoir envie de faire bouger la société.

Steph Nicolas de l'équipe de tournage "Des âmes et des ombres"

"C'est une belle expérience, on s'amuse, on y va, on ne se prend pas la tête ! On est là pour montrer des jolies choses. On fait avancer les choses en montrant des jolies choses, pas en faisant un discours politique", confirme Ronan Saliou également de l'équipe de tournage.

Moments de vies 

Une vingtaine de personnes, sans abris et professionnels d’associations, ont réalisé ce film documentaire. Tour à tour, ils filment et racontent leur parcours. Dans un extrait du film, une personne sans abri pose des questions à une autre :
"- En quoi c'était compliqué au départ d'avoir un appartement ? 
- C’est compliqué car tu te retrouves toute seule, et que tu as perdu toutes les habitudes comme faire le ménage, une machine à laver...Lorsque tu es resté un moment dans la rue, tu as perdu tous ces repères
", lui répond Steph. 

Dans un autre extrait, ce jeune homme assis sous une tente témoigne : 
"J'ai arrêté d'appeler le 115 parce que c'est assez frustrant. Voilà, cela fait un an que je dors ici, en tente",  confirme Rodney.  
 
Son oxygène, c’est la musique, Rodney écrit des chansons. Il se bat pour quitter la rue, percer peut-être un jour dans le rap. S’ils ont réalisé ce film tous ensemble, c’est d’abord pour casser les clichés, changer les regards. 

L'alcool, les drogues beaucoup de chiens, ce sont surtout ces images-là qui nous collent à la peau. Mais on n'est pas tous comme ça à la rue, on est humain ! On a aussi un cœur, on sait aussi faire des choses. La rue ne nous définit pas.

Rodney, sans domicile fixe

"Au début, ils étaient presque à se dire : "Non, non, je ne suis pas d'accord avec ce que tu racontes !", précise  Pascal Biston, coordinateur des Ziconofages. "Et maintenant, d’avoir échangé sur leurs parcours de vie, il y a plus d'acceptation des choix des uns et des autres et peut être plus de compréhension." 

Rendre visible leurs histoires


Ce jour-là,  c’est la première projection en public, et pas n’importe quel public. Ces travailleurs sociaux sont généralement anonymes derrière les standards du 115, l'appel d'urgence pour trouver un hébergement.

Pour Steph, Michel et les autres, cette rencontre autour de la projection de leur film est l’occasion unique de rendre plus visibles leurs histoires. "Si on veut faire bouger les choses ; cela passe par eux. C'était aussi destiné un peu pour eux, c'est important pour nous de donner aussi une bonne image. C’est une reconnaissance", conclut Steph. 
 
Depuis, leur documentaire a été projeté à l’accueil de jour Luttopia à Montpellier, puis devant des professionnels de l'action sociale au Corum.

Écrit avec Caroline Agullo. 

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