Montpellier : "Il est mort, sur la tête de moi !", 15 ans de prison pour avoir tué son ex-gendre violent

Aux Assises de l'Hérault à Montpellier, un père a été condamné à 15 ans de réclusion pour avoir tué l'ex-compagnon violent et menaçant de sa fille. En pleine altercation entre les 2 hommes, l'accusé avait téléphoné à la police, portant un coup de couteau fatal à la victime en plein appel.

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La question de la légitime défense était au cœur du procès qui vient de s'achever devant la cour d'Assises de l'Hérault. Une question que les jurés ont balayée : Sidi Idrissi, un Montpelliérain de 54 ans, a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de l'ancien compagnon de sa fille, survenu sur le parking du Grand Mail, dans le quartier de la Paillade, le 22 novembre 2015.


Une peine inférieure aux réquisitions


Lors d'une altercation entre les deux hommes, l'accusé avait téléphoné à la police et porté un coup de couteau fatal à la victime alors que l'appel était toujours en cours. Les avocats des parties civiles ont plaidé en vain la prémédition : dans son réquisitoire, l'avocat général n'a pas non plus retenu la thèse du traquenard tendu à la victime. Il avait néanmoins requis une peine plus sévère, de 18 ans de prison. Le jury ne l'a pas suivi.


Couteau, cutter et tournevis


Au cours des débats et de l'enquête, la victime, Mohamed Ryad Ben Zaïed, a été présentée comme régulièrement violente et menaçante envers la fille de l'accusé et son entourage, avec une addiction à l'alcool et au cannabis. Sur la scène de crime, un cutter à lame ouverte et un tournevis ont été retrouvés. Les débats n'ont pas permis d'éclaircir si ce même Mohamed Ryad Ben Zaïed avait l'intention de s'en servir ou venait de s'en servir contre Sidi Idrissi et le fils de ce dernier, présent sur les lieux au moment du meurtre. 


"Je vais le massacrer"


Au téléphone, lors de cette conversation qui a été enregistrée, l'accusé soutenait que la victime le menaçait et venait de foncer sur son fils avec sa voiture, manquant de l'écraser. On peut entendre Sidi Idrissi demander à une tierce personne de s'emparer d'une barre, puis dire à l'opérateur :
 

Il va y avoir un meurtre, là ! Je vais le tuer, là ! Il faut faire quelque chose maintenant parce que je vais le tuer. Je vais pas me cacher, je vais le massacrer ! 


Meurtre en direct au téléphone


S'ensuivait une dispute, audible dans ce même appel toujours en cours, entre plusieurs hommes  :
 

Lâche-moi ! Arrête, arrête, arrête ! Je te tue [...] Il est mort là-bas ! Il est mort, sur la tête de moi !


Tout ceci en moins de 10 minutes, juste le temps pour la Brigade Anti-Criminalité (BAC) d'arriver sur les lieux, mais trop tard. L'accusé rappelait ensuite l'opérateur pour donner son nom, son adresse et avouer le meurtre, demandant à ce qu'on vienne l'interpeller.


La victime avait 2,4 grammes d'alcool dans le sang


L'exploration du téléphone de la victime par les enquêteurs a révélé que ce dernier avait envoyé, dans les heures et les jours précédant le drame, plusieurs SMS menaçant à son ex-compagne, au frère de celle-ci et à leur père, c'est-à-dire à l'accusé. L'autopsie révélait aussi qu'au moment de sa mort, Mohamed Ryad Ben Saïed avait 2,4 grammes d'alcool pur par litre de sang et avait pris du cannabis dans les jours précédents, "dans un contexte de consommation régulière". 


Violences conjugales, harcèlement, ruptures et réconciliations


Pour la famille de la victime, son comportement est à rechercher dans sa difficulté à accepter la rupture avec sa compagne et mère de ses deux enfants (une fille et un garçon en bas âge au moment des faits). Le couple se déchirait depuis plusieurs années, se séparant et se retrouvant à maintes reprises, dans un contexte de violences conjugales sur fond d'alcoolisme de Mohamed Ryad Ben Zaïed et de dépôts de plaintes de sa concubine.


Préméditation non retenue


La jeune femme avait fini par se réfugier chez son père, où son ex-compagnon aurait continué à la harceler elle et sa famille, jusqu'à ce jour d'explication tragique sur le parking du Grand Mail. L'accusé avait-il prémédité son geste ? L'information judiciaire n'a pas retenu cette hypothèse, renvoyant Sidi Idrissi aux Assises pour meurtre et non pour assassinat.
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