A l'occasion de la journée internationale des droits de la femme, rencontre à Montpellier avec Lara, Fannie et Julie, 3 jeunes femmes qui témoignent de leur quotidien. Entrée dans le monde du travail, harcèlement de rue, elles expriment leurs souhaits pour l'avenir.
50 ans après la libération de la femme avec les mouvements féministes puis les lois sur la parité et l’égalité salariale, les femmes restent payées 20 % de moins à compétence égale. Qu’en est-il dans le quotidien des jeunes femmes d’aujourd’hui ? La situation a-t-elle vraiment changé pour les femmes ? Lara, Julie et Fanny ont entre 24 et 25 ans. Elles sont etudiantes au Cours Florent et ont déjà fait leur entrée dans la vie active pour financer leurs études. Elles sont assistantes à domicile pour deux d’entre elles et la 3e travaille dans le marketing... une confrontation au monde du travail qui a déjà suscité quelques incomprehensions.
Au travail : "Est-ce que vous avez des projets d'enfants ?"
"Quand on est recruté, souvent on nous pose la question : est-ce que vous avez des projets d'enfants ? Je ne vois pas en quoi avoir des projets d'enfants poserait problème à un recrutement", Lara 25 ans étudiante et business developper dans une société de l'audiovisuel.Fannie, 24 ans, étudiante et assistante à domicile observe elle aussi une différence de traitement : "Une femme qui a exactement le même travail qu'un homme va toujours être moins payée, va toujours devoir faire ses preuves un peu plus ou démontrer qu'elle peut le faire. Et j'ai l'impression qu'on va lui mettre plus de charge sur le dos pour voir si elle en est capable". Lara souligne :
De manière générale, les femmes sont beaucoup plus soumises à pression ne serait-ce que de part la tenue vestimentaire, l'attitude, à nous juger tout le temps pour ce que l'on fait, ce que l'on dit, ce que l'on n'a pas fait ou pas dit.
En Occitanie, les écarts de salaires entre femmes et hommes sont encore plus prononcés qu'au niveau national alors même que les femmes de la région sont plus souvent diplômées du supérieur que les hommes.
Les femmes de la région sont également plus exposées au chômage que la moyenne des femmes métropolitaines et au temps partiel.
Dans le tram : "Tu es charmante, je peux avoir ton numéro ?"
Les inégalités ne se limitent pas au monde du travail. Autonomes, indépendantes, élevées dans la mixité Lara, Julie et Fanny, aiment faire du sport, danser et sortir avec leurs amis... Là encore, certaines situations les révoltent. Dans la rue ou dans les transports en commun, la paix et la sécurité ne sont pas toujours garanties. "Quand on va en soirée, qu'on est habillé en robes et en talons, des hommes dans le tram vont arriver et nous dire : Mademoiselle tu es charmante, je peux avoir ton numéro ? Et au quotidien c'est des choses qui sont difficiles à gérer", raconte Julie, 25 ans, étudiante et assistante à domicile. Lana résume :Le harcèlement de rue peut également laisser la place aux agressions. A Montpellier, Fabien Boyaval a créé l'application "Mon chaperon" après l'agression d'une de ses amies dans un quartier pourtant fréquenté. Le principe ? Le copiétonnage, qui consiste à se retrouver pour faire un trajet à pied à plusieurs.C'est quand même gênant. On aimerait juste être tranquille en fait, pouvoir marcher dans la rue sans pour autant se faire accoster toutes les 5 minutes parce qu'on est joli ou qu'ils n'ont rien à faire et s'ennuient.
Les femmes sont les premières cibles des violences sexistes et sexuelles dans la rue mais aussi chez elles. En 2016, en Occitanie, 16 personnes sont décédées dans le cadre de violences de couple, dont 13 femmes et 3 hommes, ce qui représente un taux de 0,2725 pour 100 000 habitants (taux national : 0,2022).
En France, 1 femme décède tous les trois jours, victime de son conjoint.
A l'avenir : "Qu'on arrête de mettre les gens dans des cases"
Alors au-delà des lois sur la parité et l'egalité salariales, que demandent ces jeunes femmes à l'aube des années 2020 ? "Déjà il faudrait changer toute la médiatisation, tout ce qui fait que la femme devient encore plus un objet", fait remarquer Fannie. "Que les mentalités évoluent et qu'on arrête de mettre les gens dans des cases", poursuit Julie. Et Lana ajoute en souriant : "Moi je travaille beaucoup avec des hommes, je veux continuer à travailler avec eux et à m'entendre mieux avec les femmes par exemple".Un reportage d'Armelle Goyon et Nicolas Chatail
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