Aujourd'hui on mise beaucoup sur les véhicules électriques pour réduire les gaz à effet de serre mais il existe une autre source d'énergie : l'hydrogène. Pas n'importe lequel. Cet hydrogène-là est fabriqué à partir des boues d'épuration des eaux usées d'une station d'épuration. Une entreprise de Montpellier a développé ce procédé innovant en démonstration à Hyères, du côté de Toulon.

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Sur le site de la station d'épuration de Hyères, dans le Var, un drôle de conteneur : voici VaBHyoGaz, le tout nouveau prototype de production d'hydrogène vert inventé par une entreprise de Montpellier, Seven, et testé par Veolia.

Une technologie révolutionnaire qui permet de fabriquer de l'hydrogène à partir des boues de la station d'épuration pour alimenter des véhicules en carburant. Une énergie verte. Sa matière première est directement issue de nos déchets organiques.  

Des boues au carburant

Pour que ces boues résiduelles deviennent hydrogène, il faut passer par un premier processus de transformation.

Elles sont d'abord envoyées dans un méthaniseur. Dans cette énorme cuve ronde, la matière organique est chauffée et en l'absence d'oxygène, sa fermentation va produire du biogaz.

Voici le point de départ de la fabrication de l'hydrogène comme nous l'explique le chef de ce projet chez Seven.

On va récupérer ce biogaz dans notre procédé. On va le mélanger avec de l'eau. On porte le tout à 800 degrés. Cela arrive sur un catalyseur qui va permettre de réaliser la réaction chimique de reformage à la vapeur. Cela consiste à casser les molécules de biogaz et d'eau pour obtenir de l'hydrogène et du CO2.

Cyrille Ridart, chef de projet hydrogène chez Seven

Grâce à ce procédé, il est donc possible de produire une source d'énergie non carbonée et renouvelable. Et cette énergie qui servira à faire du carburant est en plus une solution locale. Elle valorise les déchets du territoire pour les utiliser sur le territoire. Un bel exemple de circuit court.

Une énergie bas carbone

Il existe d'autres moyens pour fabriquer de l'hydrogène mais leur impact sur l'environnement n'est pas neutre.

Il peut être produit en utilisant un sous-produit de l'industrie pétrolière (gaz, pétrole ou charbon) mais il est évident qu'utiliser une matière fossile pour fabriquer de l'hydrogène n'est pas la solution pour avoir un bon bilan carbone. Autre option : on peut le produire grâce l'électrolyse mais cette technique est beaucoup plus gourmande en eau et en électricité. Et elle est très coûteuse.

Veolia qui exploite la station d'épuration de Hyères s'intéresse à ce procédé car il offre une nouvelle voie de valorisation écologique pour son biogaz.

Pour le moment, il sert simplement à alimenter la chaudière qui chauffe le méthaniseur. Dans d'autres cas de figure, il peut servir à des groupes électrogènes qui vont produire de l'électricité ou bien être injecté dans le réseau de gaz GRDF. 

La production d'hydrogène est un nouvel usage pour notre station d'épuration. Cela nous permet de devenir fournisseur de carburant et d'apporter une solution d'énergie pour la mobilité verte.

Alain le Divenach, directeur développement des grands projets Veolia

Pour valoriser également le CO2 rejeté lors de la fabrication d’hydrogène, Veolia a mis en place un prototype de production d’algues, qui se développent grâce au gaz carbonique. Si le pilote est concluant, elles pourraient servir à l’alimentation des poissons.

Rouler plus propre

Le prototype de l'entreprise Seven délivre 10 kgs d'hydrogène par jour, de quoi permettre à un véhicule léger de parcourir environ 1000 kms.

Pour ne pas jeter sa production et pour les besoins de la démonstration, Veolia a investi dans un utilitaire, alimenté grâce à l'hydrogène. 

Le principe est simple. Sous le capot se trouve une pile à combustible qui remplace les batteries. C'est elle qui va être chargée en hydrogène et produire de l'électricité pour faire tourner le moteur. 

Sur la route, ce véhicule qui a été chargé en quelques minutes, roule sans émettre aucune émission de C02 responsable des gaz à effet de serre.  

Il ne rejette que de l'eau. On le voit au petit tuyau d'évacuation sous la voiture. Le gros avantage aussi c'est qu'il n'y a pas de batteries qui prennent beaucoup de place comme dans les véhicules électriques traditionnels. C'est très agréable à conduire, sans bruit et sans vibration.

Stéphane Pedeux, technicien d'exploitation chez Veolia

Mais cette source d'énergie est d'abord destinée aux camions, aux cars, aux transports de marchandises ou encore aux bennes à ordures ménagères. Car le secteur de la mobilité lourde a particulièrement besoin d'être décarbonné et l'électrique n'est pas adapté à ces usages.

Il faut plusieurs heures pour charger un véhicule électrique et dans le secteur du transport, immobiliser un camion ou un car trop longtemps n'est pas la solution. Il a besoin d'être disponible immédiatement. En plus l'hydrogène apporte une très grande autonomie aux véhicules, ce qui est un gros avantage.

Cyrille Ridart, chez de projet hydrogène chez Seven

Une énergie pas chère

L'intérêt de l'hydrogène réside aussi dans son prix. Un kg d'hydrogène coûterait 9 euros. On pourrait donc faire 100 kms à ce tarif. Si on compare avec un véhicule qui roule au diesel, affiché en moyenne à 2 euros, et qui consomme en moyenne 6 litres au 100, cela coûte donc 12 euros. L'économie est intéressante. 

D'ici 2 ans, Seven passera du prototype à l'échelle industrielle. Les premières stations de production et de distribution d'hydrogène vert verront le jour en Occitanie. Deux d'entre elles sont déjà en construction dans le Tarn. 

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