Ce vendredi 18 mars, c'est la 22e journée du sommeil. Les principaux concernés cette année sont les enfants. Des nuits réparatrices constituent un enjeu majeur pour leur développement. Elles ne doivent être ni trop courtes, ni trop longues, mais s'adapter à leurs besoins.
La 22e journée mondiale du sommeil, c'est ce vendredi 18 mars. Une étude de l'Ifop fait état d'une dégradation de la qualité des nuits des Français.
Sous l'effet de la pandémie, la part des 18-75 ans concernés par les problèmes de sommeil a bondi de 49% à 66%. "Non seulement ce taux ne recule pas à la faveur du reflux de la pandémie mais, pire, il augmente de quatre points pour atteindre 70%" détaille l'étude.
Le stress et l'anxiété liés à l'actualité sont la cause principale de ces troubles. Des facteurs qui n'épargnent pas les enfants : 24% d'entre eux souffrent de problèmes de sommeil selon l'Institut National du sommeil et de la Vigilance (INSV).
Parler pour éviter l'anxiété nocturne
La crise sanitaire a eu un effet alarmant sur les rythmes de vie des familles. Plus d'un parent sur deux souffre de troubles du sommeil selon l'enquête de l'INSV. Un problème qui impacte aussi les enfants.
"Les enfants ont des problèmes d'insomnie, des difficultés à se lever. Ce sont les mêmes facteurs que chez les adultes, les enfants sont exposés au même stress auquel toute la population est exposée" explique Régis Lopez, spécialiste du sommeil au CHU de Montpellier.
La radio, la télévision, les écrans interposés. Sans en avoir forcément conscience, les enfants sont exposés à une large quantité d'informations durant la journée. Difficile pour eux de trier et de comprendre tout ce qu'il se passe.
Le somnologue a une solution simple : "Parler avec les enfants pour éviter l'anxiété qui est un terrain propice aux insomnies."
Un sommeil réparateur pour organiser le cerveau
Le sommeil a de multiples fonctions mais chez les enfants sa fonction première est de réorganiser le cerveau. "L'enfant est soumis à une masse d'informations donc pour métaboliser tout ça, il faut un sommeil réparateur" explique Régis Lopez.
Le réseau de neurones doit trier, décider quelles informations acquises dans la journée sont à garder et lesquelles sont à jeter. Ce travail est réalisé par les synapses. Ces régions de contact entre deux neurones constituent le "câblage" du cerveau.
Durant la nuit, les caboches des bambins sont donc en pleine action. C'est pourquoi ils ont besoin de plus de repos, de qualité.
S'adapter aux besoins des enfants
Les adultes ont besoin d'environ huit heures de sommeil pour être en forme. Chez les enfants, c'est une autre histoire. Le somnologue du CHU de Montpellier refuse de donner un nombre d'heures de sommeil pour les enfants. Selon lui, se fier aux préconisations est un risque.
On va créer une pathologie à vouloir faire rentrer les enfants dans un moule de sommeil. Il faut s'adapter au besoin de chaque enfant et calculer la dette de sommeil.
Régis Lopez, somnologue au CHU de Montpellier
Il est important de savoir si un enfant a son quota de sommeil. Pour se faire, le professeur recommande de comparer le temps de sommeil contraint, la semaine, et celui sans limites, le weekend. "Si l'enfant n'a pas de réveil le samedi et il dort deux heures de plus que la semaine, il a une dette de sommeil. L'important est de voir si l'enfant récupère quand il en a la possibilité" détaille Régis Lopez.
Petit et grand dormeur : mythe ou réalité ?
Une corrélation existe entre l'âge et le temps de sommeil. 65% des enfants qui dorment mal présentent des troubles de concentration, 50% des difficultés d'apprentissage et 48% des difficulté émotionnelles selon l'INSV.
On passe de l'état "petit dormeur" à "gros dormeur" au cours de la vie. C'est scientifiquement prouvé mais la génétique est aussi déterminante.
Régis Lopez, somnologue au CHU de Montpellier
L'âge n'est pas la seule raison valable pour faire des grasses matinées, la génétique aussi. Les caractéristiques du sommeil sont propres à chacun et se transmettent de génération en génération. "C'est aussi héréditaire que la taille. Si vous avez des parents grands, vous risquez de l'être aussi. De même pour les insomniaques et les gros dormeurs." Les maladies nocturnes (somnolence, "hypersommeil", jambes sans repos...) sont elles aussi transmises par les gênes.
Attention donc à ne pas tomber dans l'orthosomnie : la quête du sommeil parfait. Vous l'aurez compris, ce sommeil n'existe pas et chacun doit appréhender son mode de fonctionnement.