Sous une tente géante, le plus gros chantier de dépollution français à Frontignan

La raffinerie de Frontignan, dans l'Hérault, est en cours de dépollution. 11 hectares de sols infiltrés par le pétrole lors des bombardements de 1944 qu'il faut à présent excaver. Afin d'épargner les nuisances d'un tel chantier aux habitants, un dispositif unique au monde : un barnum de 53 tonnes, plus vaste qu'un terrain de foot.

11 hectares de sols dont 70% sont contaminés. À Frontignan, un chantier de dépollution colossal est en cours dans une raffinerie, l'une des plus grosses d'Europe du temps où elle était fonctionnelle.

Le site avait été largement pollué lors du bombardement des Américains à la Libération, le 25 juin 1944. En activité jusqu'en 1986, il avait par la suite subi une première opération de nettoyage : les hydrocarbures ont été pompés, mais les sols en eux-mêmes n'ont pas été dépollués.

165 000 mètres cube de terre retournés

C'est la mission actuelle des dizaines d'experts à l'œuvre sur le chantier de Frontignan, depuis l'été 2022. Première étape : briser le béton à la pelleteuse afin d'atteindre les terres intoxiquées.

Il faudra ensuite excaver certaines cellules du sol, consciencieusement choisies par les scientifiques après plus d'un millier de sondages, réalisés sur chaque mètre du site. En tout et pour tout, d'ici à la fin du projet, 165 000 mètres cube de terre seront retournés.

Ce chantier était aussi l'occasion d'innover. Afin de protéger les riverains des nuisances relatives à l'excavation - vibrations, poussières, odeurs - une tente géante, plus vaste qu'un terrain de foot a été pensée par la société Seché Environnement, en charge du chantier.

"Un dispositif unique au monde"

Capable de filtrer 220 000 mètres cube d'air à l'heure, ce barnum de 53 tonnes doit aussi être déplacé, ponctuellement, à l'aide d'un treuil.

"C’est un dispositif unique au monde, conçu spécialement pour ce chantier", se félicite Rémi Muth, directeur technique de la société, au micro de Laurent Beaumel.

Initiés il y a un an et demi, les travaux devraient (normalement) prendre fin en 2025. Pour autant à cette date, le site ne sera pas entièrement nettoyé.

"Il restera des impacts résiduels, néanmoins compatibles avec le redressement d'un site à visée industrielle", précise enfin la maître d'œuvre du projet, Audrey Porchier-Reversat.