Suspectée de trafic de drogue, Aïcha, 94 ans, a été expulsée de son logement social

Une dame de 94 ans a été expulsée ce jeudi matin par la police de l'appartement où elle vivait depuis 23 ans, dans le quartier Croix d'Argent, à Montpellier. La justice et son bailleur, ACM Habitat, lui reprochent d'avoir abrité un trafic de stupéfiant, ce que dément sa famille, furieuse de cette décision de justice.

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L'affaire remonte au mois de mai dernier, quand le tribunal judiciaire de Montpellier a rendu son jugement en faveur d'ACM Habitat, le bailleur social : Aïcha, 94 ans, était susceptible d'être expulsée de son logement social, dans le quartier Croix d'argent, à Montpellier.

Un trafic depuis plusieurs années

Selon les témoignages de plusieurs résidents, recueillis par la police et la justice, la famille de cette dame serait à l’origine d'un trafic de drogue, qui sévissait depuis plusieurs années dans le hall de l'immeuble et deux appartements attenants.

Même si la nonagénaire n’était pas directement responsable de cela, son expulsion a été prononcée par le juge du tribunal judiciaire de Montpellier et mise en application ce jeudi 24 octobre, à 06h50.

"Ils étaient au moins 40 pour faire cela, on dirait qu'on est Pablo Escobar !" tempête sa fille Hafida, jointe par téléphone. "Moi, mes frères et mes sœurs, on n'a jamais trafiqué de drogue, on a été frappés et menacés par d'autres, on a même porté plainte plusieurs fois à la police", affirme cette quinquagénaire.

Cette famille s'est mobilisée mercredi 23 octobre, avec des voisins outrés par cette procédure. Une vingtaine de personnes a fait le siège d’ACM Habitat durant deux heures pour demander le relogement de la "mamie".

Des nuisances intolérables selon la justice

Cette affaire ayant déjà fait pas mal de bruit, Alain Braun, directeur d'ACM Habitat a donné une conférence de presse ce jeudi après-midi pour exposer la situation, en compagnie de l'avocat de cet office public de l’habitat rattaché à Montpellier Méditerranée Métropole.

Alain Braun a d'abord justifié le déploiement de policiers de pompiers et d'autres membres de services de l'Etat ce jeudi matin : "C'est une affaire sensible avec un risque avéré lors de l’expulsion pour les résidents comme pour la famille, car le hall de l'immeuble avait été imbibé en partie d’essence, ce matin."

"Nous n’avons pas pris cette décision à la légère compte tenu de l’âge de la locataire. Nous n’avions jamais rencontré un cas similaire par le passé. Mais ce n’est pas le bailleur qui décide seul de l’expulsion. C’est l’application d’une décision de justice en date du 23 mai 2024. Après l’examen des pièces du dossier, le juge a retenu l’existence d’un trafic de stupéfiants qui se déroule dans l’appartement de la locataire, mais aussi dans les garages et également dans le hall de l’immeuble. Le juge affirme l’existence d’une infraction commise par des membres de la famille hébergés par la locataire." explique Alain Braun.

Selon lui, le juge du tribunal judiciaire de Montpellier a indiqué qu’il y avait un niveau de nuisances intolérable et un niveau d’insécurité important pour les autres locataires de l’immeuble.

"Le juge a décidé d’expulser la locataire parce qu’elle ne pouvait pas ignorer le trafic qui est commis par les personnes qu’elle accueille chez elle dans la résidence. Il a décidé qu’il n’y avait pas de délai à lui accorder parce qu’elle n’a pas démontré sa bonne foi et elle ne s’est pas présentée aux convocations" souligne le directeur d'ACM Habitat.

Lors de cette conférence de presse, Alain Braun a aussi affirmé avoir reçu des plaintes de plusieurs locataires sur les nuisances liées au trafic qui se déroulait au rez-de-chaussée de la résidence. Ces trois dernières années, certains locataires des étages supérieurs ont préféré quitter leur logement plutôt que de rester vivre au sein de l’immeuble.

Selon lui, ACM Habitat a même dû condamner les 17 garages de l'immeuble pour tenter d'endiguer le trafic de drogue.

Une expulsion soutenue par le préfet

François-Xavier Lauch, préfet de l'Hérault depuis un an, estime pour sa part que cette expulsion "envoie un message clair et sans ambiguïté. Faire de son appartement un lieu de stockage de la drogue, un point d’accueil des dealers et guetteurs, revient à participer et concourir à la pérennisation du trafic de stupéfiants".

Le préfet affirme également soutenir pleinement le bailleur ACM Habitat pour la fermeté de son action, dans une publication sur son compte X :

Il précise aussi que la dame a refusé une place en maison de retraite.

Pour le moment, la nonagénaire est logée de manière temporaire dans un hôtel, le temps qu'ACM Habitat trouve une solution plus pérenne pour elle.
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