Témoignages. "J'ai tapé sur la voiture et hurlé" : des cyclistes victimes de violences sur la route se confient, après la mort de Paul Varry

Publié le Écrit par Camille Bluteau
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Après le décès du cycliste Paul Varry, écrasé par un SUV à Paris le 15 octobre 2024, des cyclistes de Montpellier ont accepté de partager les agressions qu'ils ont subies. Qu'ils s'agissent de violences verbales ou physiques, ces événements les ont durablement marqués.

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La mort d'un cycliste à Paris, mardi 15 octobre 2024, a provoqué la colère et l'indignation de nombreux amateurs de bicyclette. À Montpellier aussi, les agressions contre eux se multiplient. Violences verbales, mais aussi physiques.

Menaces de mort, coups de poing...

En janvier 2023, alors que Maxime allait déposer ses enfants dans une école de Vendargues, il a été agressé verbalement par un automobiliste stationné sur des aménagements prévus pour les piétons et les cyclistes. "Il gênait clairement le passage. Pourtant, la signalisation est explicite : panneaux, marquage au sol, barrières…", estime aujourd'hui Maxime.

Il poursuit : "à plusieurs reprises, je lui ai signalé que son stationnement me gênait moi-même dans mon déplacement à vélo et qu'il représentait un réel danger pour les piétons et vélos, notamment lors de ses manœuvres en marche arrière avec des enfants à proximité. Malheureusement, mes remarques ont été accueillies avec mépris, et ses réactions se sont même intensifiées". L'automobiliste finira par le menacer de mort.

J'ai tapé sur la voiture et hurlé alors que je me faisais serrer sur la piste cyclable contre un stationnement.

Marie

France 3

Des situations, qu'il n'est pas le seul à vivre au quotidien. Marie, elle, a reçu un coup de poing de la part d'un automobiliste. "J'ai tapé sur la voiture et hurlé alors que je me faisais serrer sur la piste cyclable contre un stationnement", se rappelle-t-elle, alors que son fils, âgé d'une dizaine d'années, était son passager. Une plainte est en cours depuis trois ans. Une autre fois, un scooter a foncé sur elle "sur piste la cyclable". La plainte n'a pas abouti, car le scooter avait été volé.

"Cela aurait pu être moi à la place de Paul"

Claire a vécu une altercation avec un automobiliste à la fin du mois de septembre. Alors qu'elle avait mis son bras à gauche pour signaler aux usagers qu'elle tournait, "un véhicule non prioritaire est arrivé à gauche à ville allure", témoigne-t-elle. Elle ajoute : "Il s'est énervé contre moi, me reprochant de lui couper la route et a fini par me faire un doigt d'honneur. J’ai toujours peur quand je repense à cet événement."

À Montpellier, comme dans de nombreuses autres villes françaises, des cyclistes se sont réunis pour rendre hommage à Paul Varry. Certains ont accepté de confier leurs agressions et leurs craintes en tant que cyclistes.

Le décès de Paul Varry a suscité de l'émotion chez ces cyclistes."Cet événement dramatique nous émeut tous aujourd'hui. Je me demande ce que cet automobiliste aurait fait s’il m’avait rattrapée, s’il aurait fait quelque chose ou bien si c’était simplement pour me faire peur... Aujourd’hui, je me demande : serais-je avec Paul ?", s'interroge Claire."Je ne pensais pas que ça pouvait aller jusque-là. J’ai l’impression que cela aurait pu être moi à sa place…", confie de son côté Maxime.

"Les violences, on s'y habitue", souligne Marie. "Je suis tombée sur un malade comme Paul est tombé sur un fou. Mais il ne faut pas généraliser", tempère-t-elle. Une semaine après le décès du jeune homme, le ministre délégué aux Transports, François Duvrovray, a reçu huit associations cyclistes pour éviter que ce drame se reproduise. En 2023, 226 cyclistes ont été tués sur les routes.

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