Des fourmis invasives ont colonisé les dunes du bord de mer à Carnon dans l'Hérault. Pas de quoi paniquer les touristes pour autant. Mais leur expansion est étudiée et surveillée de près par des scientifiques, car une fois installées, ces fourmis ont un impact très négatif sur l’écosystème.
Invasives, mais presque invisibles les jours de grand soleil. Pour les vacanciers, les fourmis qui ont élu domicile dans les dunes du bord de mer au Petit Travers, sur la commune de Mauguio-Carnon, sont pour l’instant des voisines discrètes.
"Super colonies"
"On n'a vu aucune fourmi !", clame en chœur un groupe d'adolescentes. "Je n'ai pas fait attention aux fourmis, non", confirment ce jeune vacancier et ce retraité.
Juste derrière eux, sous le sable, vivent pourtant des millions d’insectes. Ces petites fourmis de la famille des "tapinoma" mesurent moins de 5 mm. Elles ne sont pas venimeuses, mais semblent se reproduire depuis quelques années à grande vitesse, au point d’avoir colonisé des centaines de mètres de littoral.
Les scientifiques parlent ici de "super colonies".
On estime qu'il y a au moins quelques centaines de millions de fourmis sur l'ensemble de ce nid qui s'étale à peu près sur 800 mètres de long.
Luc Gomel, Université Paul Valéry - Spécialiste des fourmis
"Sur les fourmis habituelles, le nombre varie de quelques centaines à des dizaines de milliers seulement. Là, on est sur des chiffres bien plus importants", précise le scientifique.
Menace pour l'écosystème
Originaires du bassin méditerranéen et d’Afrique du Nord, ces fourmis ont déjà été repérées à Lyon, Bordeaux, Strasbourg. Le réchauffement climatique semble favoriser leur expansion, au détriment des autres espèces.
"Ces fourmis, elles ont une telle masse grouillante, une telle surpopulation, qu’elles supplantent toutes les autres espèces de fourmis avec lesquelles elles peuvent être en compétition. Elles peuvent avoir un impact sur d’autres espèces d'insectes qu'elles cherchent à attaquer pour les consommer. Par effet domino, il peut y avoir aussi des impacts aussi sur certaines plantes", s'inquiète l'universitaire.
Ces fourmis ont-elles été importées par accident lors d'échanges commerciaux ou s’agit-il d’une espèce autochtone devenue invasive ? Aucune certitude à ce stade, des analyses sont en cours pour déterminer le profil génétique de ces insectes et mettre au point un traitement ciblé.